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Les tribulations d'un normand en Namibie

26 juillet 2012

En guise de conclusion, pour dire mes émotions...

 

Ode à la Namibie

 

Ô toi doux souvenir, de ma vie de mon cœur,

Tes courbes généreuses, brûlées par l’Astre ardent,

Dont les monts épineux portent toute la douleur,

D’un conflit malheureux, tu fus indépendant.

 

Ainsi ce beau pays, que l’on nomme Namibie,

Des sables du désert, aux sables de la mer,

Que l’on soit dans les airs, ou bien sur cette terre,

Partout les paysages, nous poussent à la rêverie !

 

Même si ces étendues, d’une grande beauté,

Que j’ai tellement aimées, en allant m’y prom’ner,

Ont souvent révélées, de grandes difficultés,

Dont il a bien fallu, toutes les solutionner…

 

Et de ces écoliers, dont la prime jeunesse

Passée loin du foyer, en manque de tendresse,

En recherche d’un père, avides d’attentions,

Ils se tournèrent vers moi, pour leur éducation.

 

Car la faune et la flore, de cette région d’Afrique,

Leur est aussi connue, que celle d’Antarctique…

Ces grandes antilopes, ou bien toutes ces gazelles,

Sont bientôt résumées, en viande dans l'écuelle !

 

De même ces serpents, qui une fois occis,

Pour être bien nommés, me furent apportés.

Et ces caméléons, victimes calomniées,

Se sachant innocents, ne furent plus détruits !

 

Et dans cette vaste plaine, où paissent nos troupeaux,

Dont la tranquillité, à cause du braconnage

Va créer des problèmes, va nuire à notre image,

Et nous importuner, jusque dans le repos…

 

Il faut alors marcher, sous le soleil ardent,

Protégé d’un chapeau, chercher les impudents.

Car la mort du bétail, par ces viles canailles,

Ruine tous les efforts, détruit ce dur travail !

 

D’autant que tout autour, dans ce vaste pays,

Chacune de ses régions, nous appelle au voyage.

Du désert du Namib, au grand Kalahari,

Ces petits grains de sable, nous montrent leur mirage.

 

Et de ces grandes rivières, ou ces fleuves impétueux,

Qui de leurs hautes chutes, peuvent nous mener aux Cieux.

Mais qui parfois sableuses, de ces pluies abondantes,

Attendent toutes heureuses, d’être enfin débordantes.

 

Les sommets harmonieux, ou les profondes gorges,

Nous emplissent les yeux, et puis l’âme s’y forge.

De cette nature vierge, en toute vérité,

On ne peut en partir, qu’avec difficultés.

 

De tous ces souvenirs, il ne faut oublier,

Toutes ces fières tribus, qui savent si bien danser.

Maintenant pacifiées, elles vivent ensemble,

En théorie du moins, d’après ce qu’il me semble.

 

L’écolier matinal, devant la salle de classe,

De tous les horizons, en cette grande masse,

Chantant à l’unisson, avec son compagnon

Cet hymne national, qui fait le trait d’union.

 

Venu par un hasard, avec quelques bagages,

D’une grande jeunesse, et malgré un braquage,

J’ai été vite séduit, par cette mélodie,

Cette douce folie, que procure ce pays.

 

Et dans cette mission, malgré tous ses problèmes,

Avec toute sa brousse, elle m’a ensorcelé.

De toutes ses épines, mon cœur est transpercé,

Et de devoir partir, mon visage devint blême.

 

Mais voilà que déjà, tout près d’Hispaniola,

C’est cette île de Cuba, que l’on me proposa.

La lourde chaleur humide, de cette île Caraïbe,

Pourra-t-elle remplacer le soleil du Namib ?

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19 mars 2012

Waldfrieden, suite et fin

Bonjour à tous,

 

Cela fait bien longtemps que je n’ai pas donné de mes nouvelles. Je m’en excuse ! Les dernières semaines à Waldfrieden ont été tellement occupées entre les bagages à préparer, les dernières choses à terminer, les consignes à passer, les au-revoir chargés d’émotion. Oui, je n’ai guère vu passer le temps, tellement il a filé vite. Je n’ai même pas pu finir tout ce que je voulais. Mais, peut-on réellement finir la tâche titanesque que représente Waldfrieden…? Oui, le final countdown est maintenant terminé et me voila parti de cette place qui a été ma maison pendant deux ans…

 

Retour en arrière… 

Dans le dernier épisode, je vous parlais de ces abreuvoirs que je voulais faire reconstruire. C’est maintenant chose faite et nous avons deux beaux abreuvoirs qui ne fuient pas. Cela fait plaisir qu’au moins quelque chose devrait passer la barrière des années. D’ailleurs, je suis tombé par hasard sur un très vieil album de photo qui retrace les premières années de Waldfrieden,  la construction de la Mission et de l’école. Chose très amusante, l’abreuvoir tout neuf y est pris en photo. Cet abreuvoir datait donc des années 50. Nous avons choisi de ne pas le détruire, il peut servir d’auge pour donner des compléments alimentaires secs pour les vaches.

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Nous avons aussi eu la visite du chargé de Mission de la DCC. C’est donc la 3ème fois que je reçois Jean-François à Waldfrieden. Et, chose curieuse, pas de problème cette année…

Avec Véronique, nous lui avons montré un peu les alentours avec les montagnes Erongo.  

CIMG7762Vous voyez un point commun ?

 

Nous sommes aussi allés nous promener dans la rivière, qui coulait.

Photo0708Véro et moi, les pieds dans l’eau…

 

Mais pas suffisamment pour nous empêcher d’aller à Omaruru Game Lodge.

CIMG7820Nous y avons d’ailleurs invité le père Hermenegild qui n’y avait jamais été en 8 ans de séjour à Waldfrieden… Alors, comme il doit repartir très bientôt, il voulait voir cette belle place touristique.

 

Lors d’une de mes dernières promenades sur la ferme, j’ai été salué par ce magnifique steenbok, qui n’a pas semblé dérangé de ma présence…

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Pour montrer le temps qui passe, je voulais vous montrer ce qu’est devenu ce petit veau bien fragile, pris en photo au début de mon séjour.

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DSCN1938Oui, c’est maintenant un beau bœuf !

 

Avant de repartir, un couple de fermiers, avec qui je suis ami, a voulu nous inviter, Véronique et moi. Nous sommes allés faire un tour sur leur ferme, qui est très giboyeuse. Nous y avons vu leurs moutons. Le temps était beau quand nous sommes partis, mais nous nous sommes fait surprendre par une forte pluie d’orage. La voiture est une voiture ouverte, sans toit… Nous en avons donc été quittes pour une voiture piscine. Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas été si mouillé ! Heureusement, nous sommes rentrés chez eux et avons pu nous sécher.

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J’ai pu faire encore quelques observations naturalistes intéressantes…

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Je n’ai malheureusement pas pu finir la clôture le long de chez le voisin. Car j’ai dû superviser la rénovation d’une maison de la mission. Nous avions demandé un devis à un entrepreneur, qui s’est avéré être trois fois le prix de ce que nous avons payé en embauchant des « peintres de rue » et en leur fournissant tout le matériel. Le résultat était d’ailleurs excellent, pour un coût modique…

Donc, pour la clôture, nous avons bétonné tous les piquets d’angle et n’avons eu le temps que d’en faire une petite portion. Mais, je sais que le père Oswald finira ce travail. L’important étant de commencer, la suite vient naturellement…

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Ensuite est venu ce moment toujours délicat. Celui de dire adieu. Et Dieu sait si je n’aime pas ces moments là… Mais bon, après avoir vécu deux ans à Waldfrieden, je ne pouvais tout de même pas partir comme un voleur !

 

Une farewell party a ainsi été organisée pour mon départ. On a sacrifié, pour l’occasion, la dernière chèvre de Waldfrieden. D’ailleurs, on a bien cru qu’il n’y aurait pas de viande car, le jour fatidique, la chèvre avait disparu. Impossible de la retrouver… Elle avait, en fait, fugué de l’autre côté de la rivière, chez un voisin. Bien lui en a pris car, le voisin la trouvant très belle, a préféré la garder pour la reproduction et a donné un gros mâle castré en remplacement. Ainsi, la chèvre a eu la vie sauve et on a eu plus de viande que prévu. 

Sabrina, volontaire DCC à Döbra, a d’ailleurs fait le déplacement à Waldfrieden pour l’occasion. Elle a ainsi pu découvrir la rivière Omaruru qui coulait avec son hôte du week-end…

Une 30aine de personnes a fait le déplacement pour venir dire au revoir et manger. Ou peut-être manger et dire au revoir… Majoritairement des personnes de la mission, ouvriers ou professeurs.

Quelques images de l’événement.

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Un groupe de musiciens, qui était de passage à Waldfrieden, est aussi venu festoyer avec nous et chanter quelques morceaux. C’était très beau !

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Le lendemain, je suis allé dans le dining-hall de l’internat pour donner des bonbons et dire au revoir aux enfants. C’était, pour le coup, beaucoup plus poignant et certain(e)s pleuraient. Ils ont même entamé un chant d’adieu, qui s’est terminé en cacophonie générale.

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Après, il a fallu aller ranger la chambre et préparer les bagages. Ce n’était pas la partie la plus facile. Puis, les enfants son venus me chercher, car ils avaient préparé un spectacle en mon honneur. Les groupes folkloriques de l’école ont réalisé leur performance pour moi. Cela m’a fait très plaisir. Et a permis à Sabrina d’avoir un aperçu des danses traditionnelles namibiennes.

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Le lendemain, départ de Waldfrieden, direction Windhoek. Adieu ! Reviendrai-je un jour ? Je n’en ai pas la moindre idée…

DSCN8595Crépuscule à Waldfrieden

29 janvier 2012

Rainy season and other stories

Bonjour à tous,

Long time since the last message…

Bonne année 2012 !!!

Retour sur les événements depuis un mois. Pendant quelques semaines, lorsque Véro était en vacances, j’ai dû assurer aussi les charges d’Hostel Manager. C’étaient les vacances scolaires, heureusement, mais il fallait coordonner les aménagements pour la nouvelle cuisine et préparer les chambres des enfants pour que tout soit prêt pour la rentrée. Donc, mon emploi du temps a été plutôt chargé… Pour de plus amples informations sur la nouvelle cuisine de l’internat, cf. le blog de Véronique en lien à droite sur ce blog.

La saison des pluies a commencé. Nous avons eu 80 mm de pluie en une semaine, mi-janvier, ce qui a fait verdir la plaine, a rempli les points d’eau et même couler la rivière pendant une semaine. Pluie nourricière et bénite, mais avec parfois quelques inconvénients… Par exemple, l’eau de la nappe superficielle, dans laquelle nous pompons l’eau, s’est mélangée avec l’eau en surface et nous avons bu une eau pleine de turbidités pendant une semaine.

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Le temps menaçant, avant ou après un orage, donne souvent des couleurs magnifiques, avec une lumière tellement forte…

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La saison des pluies sonne aussi le début de la saison des champignons. Les seuls comestibles, ici, sont appelés omayova et poussent sur les termitières. Ils sont très gros et ressemblent à des coulemelles. Il faut les trouver avant les animaux, car c’est un délice pour des antilopes, phacochères, babouins ou même tortues. J’ai eu la chance de trouver un groupe qui nous a régalés… Le même jour, en me promenant sur la ferme, j’ai eu la chance de voir un troupeau  de huit zèbres de montagne. Ils se dirigeaient dans ma direction et ne semblaient pas apeurés par moi. Seulement, lorsque je suis remonté en voiture et me suis approché d’eux à 50 mètres, ils ont disparu dans le bush.

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Le week-end dernier, a eu lieu l’enterrement de Chief Zerauea, le roi Herero de la région d’Omaruru. Descendant du fondateur de la ville d’Omaruru. C’était une personne très appréciée et son enterrement a mobilisé près de 5000 personnes, c’est-à-dire l’équivalent de la population d’Omaruru… Et, c’est dire l’importance du personnage, ce sont des funérailles d’Etat qui ont été célébrées. Plusieurs ministres et même le Président de la République namibienne ont fait le déplacement. Le service de sécurité était présent, mais incroyablement peu visible. Le président était au milieu de la foule, sans aucun contrôle apparent. Le président actuel étant beaucoup plus proche des gens que le Président Fondateur, qui ne se promenait jamais sans sa garde prétorienne de 150 personnes…

 

DSCN1742La petite église luthérienne où a eu lieu la messe des funérails

DSCN1744Presque tout le monde est à l’extérieur de l’église…

DSCN1753Les parapluies sont en fait des ombrelles, très pratique pour ne pas brûler, on aurait dû en prendre un avec Véro car tout le monde s’est moqué de nos coups de soleils…

DSCN1750Matrone Julia, Herero au drapeau blanc, venue rendre un dernier hommage au chef de son clan…

DSCN1777Son Excellence H. Pohamba, Président de la République de Nambie, lisant le programme (dans le cadre rouge de la tente)

DSCN1786La procession du cercueil, dans le cimetière

DSCN1792Dernier hommage

DSCN1795Photographes en action

DSCN1801Le Président au milieu de ses ministres

DSCN1790La voiture du Chef d’Etat

 

Pour revenir à Waldfrieden, avant de finir mon contrat, j’ai plusieurs projets que je voudrais mener à terme. Dont la réfection de l’abreuvoir des vaches, près de la mission. Cet abreuvoir est tellement vieux qu’il fuit de partout et menace de s’effondrer à plusieurs endroits.

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J’ai donc décidé d’en construire d’abord un dans le kraal adjacent, avant de pouvoir casser celui en activité, pour le refaire à neuf. La dalle de béton a été coulée et le coffrage est presque terminé pour le premier abreuvoir.

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Le deuxième gros projet est la rénovation de 2500 mètres de clôtures. En fait, cela représente les dernières clôtures qui nécessitent une rénovation urgente. Situées entre Waldfrieden et Robyn farm, elles n’ont pas reçu d’entretien depuis de bien nombreuses années et l’incendie, qui a traversé les frontières de la ferme voisine, ne les a pas arrangées. Les bovins se promènent ainsi de ferme en ferme et finissent sur la route, ce qui est évidemment un gros problème pour nous. Le voisin va nous aider avec de la main-d’œuvre, pour couper les arbustes le long de la clôture et nous ferons la réfection ensuite. Le matériel est déjà acheté, il n’y a plus qu’à s’y mettre.

 

Mais, pour payer ces investissements, il a fallu vendre du bétail. C’est ainsi que j’ai vendu mes premiers (et derniers…) bovins aux enchères à Omaruru. Les prix ont été corrects et cela va permettre à la ferme d’avoir encore des liquidités, après mon départ.

 

La vie de manager est parfois un peu compliquée. Hier, après une longue réunion du conseil d’administration de l’école, presque pas le temps de souffler, car en soirée je suis appelé pour une bagarre entre un de mes ouvriers et sa copine. Une histoire de famille donc, sauf que, lorsque mon ouvrier menace de la tuer avec un couteau, cela dépasse les bornes et il faut intervenir… J’ai dû aussi confisquer une machette avec laquelle il menaçait de s’en prendre à ses enfants. Eternel problème de la violence liée à l’alcool. Ensuite, après 23:00, nous sommes partis à la recherche d’un gamin de 10 ans de l’internat qui avait fugué après une banale bagarre avec un autre gamin de l’internat. Heureusement, il a fini par revenir tout seul. Ouf, soirée mouvementée mais finalement sous contrôle !

 

Donc, plus qu’un mois et demi pour finir ces projets et finir de clarifier la situation de la ferme pour mon successeur, s’il y en a un…

 

A bientôt, pour d’autres news.

23 décembre 2011

Chroniques namibiennes

Hello, 

Once to change here is a message in English. Jump on your English-French dictionary if you are not fluent with the language of Shakespeare…

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What is this? Is it a new wedding day? No, these young ladie are not  brides but newly confirmed. Indeed, end of November was the Sacrament of Confirmation in Waldfrieden with the coming of the Vicar General.

J’en vois déjà maugréant, en voyant un message en anglais. Je vais donc continuer en français…

Oui, les Confirmations ont été l’occasion d’une grande fête à l’école. Quatorze jeunes de l’école et onze d’Omaruru ont reçu la force de l’Esprit Saint. Et la photo suivante n’est pas une photo de mon mariage… Non, je pose en compagnie de ma filleule de confirmation, Veronica.

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A aussi eu lieu le festival culturel, dont vous aviez pu voir l’an dernier quelques photos quand il s’est déroulé à Omaruru. Il a eu lieu, cette année, dans le Damaraland, dans une petite ville rurale nommée Okombahe. Waldfrieden a, cette fois, participé et envoyé son groupe culturel Kavango. Pour leur première participation, ils sont arrivés deuxièmes de la catégorie upper primary school. Bravo !

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Epako Game Lodge s’est refait une beauté. J’avais déjà fait part des travaux qui s’y déroulaient, et nous étions en attente du résultat. Quel choc quand on a vu le résultat final. Grands espaces ouverts et lumineux, ambiance cosy. Vraiment très réussi, comme vous pouvez vous en rendre compte.

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Dans un tout autre style, bien loin du luxe d’Epako, nous avons profité d’un week-end tranquille pour nous évader et visiter les montagnes Erongo. C’est seulement à 10 kilomètres d’Omaruru et nous n’y étions encore jamais allés. Réservé en dernière minute (oui, un week-end tranquille ne peut se prévoir d’avance…), nous sommes allés dans un tented lodge, c’est-à-dire un lodge où l’on dort sous la tente… Cela nous a un peu surpris, mais c’est tout de même beaucoup plus confortable qu’une tente normale, car tout le mobilier est en dur. Par contre, il doit faire vraiment froid en hiver, et la douche, plus ou moins dehors, est un peu difficile au petit matin… On a même eu un peu de pluie, ce qui est un comble quand on dort sous la tente !

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Sinon, l’intérêt du site, au cœur de l’Erongo Conservancy, réside dans son cadre magnifique et sauvage. Si près de la ville et si sauvage. Cette Conservancy (sorte de parc naturel privé mis en place par plusieurs propriétaires qui ont mis leur terrain en commun en abattant les clôtures) fait maintenant environ 110 000 hectares. Elle abrite des rhinocéros noirs et des éléphants, mais un contentieux interne en a fait diminuer la surface de manière très significative, sachant qu’elle faisait plus de 200 000 hectares il y a seulement quelques années. En effet, une abolition totale de la chasse à l’intérieur de la réserve en a supprimé totalement l’intérêt pour de nombreux propriétaires qui se sont retirés, toute activité agricole en étant déjà bannie. Maintenant, même si la surface est encore très grande, on peut se demander quel avenir pour le projet de créer un sanctuaire pour les rhinocéros noirs. Seuls neufs spécimens ont été réintroduits et le projet est maintenant en suspend. Mettre des règles si strictes, même si cela semble un principe positif au niveau écologique pour le parc, le met finalement en péril et donc met aussi en péril son intérêt environnemental qu’est la libre circulation des animaux sur des aires géographiques élargies, par rapport au découpage agricole habituel.

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Mais revenons au Lodge, qui lui a un intérêt touristique à cette Conservancy. Il est lové au cœur de la montagne, avec les tentes montées sous des cahutes de chaume. Ces montagnes créées par l’érosion, suite à une éruption en sous-sol, sont constituées de ces granites en plaque, si friables à cause d’un refroidissement lent. Elles ne sont pas très hautes et forment tout un ensemble de collines rocheuses. C’était un site, dans le passé, très apprécié des San qui, dans une grotte de la propriété (Paula’s Cave), ont laissé de très belles peintures rupestres. Nous avons donc voulu les admirer et avons pris l’option Game-drive, ou plutôt Nature-drive car l’intérêt de cette balade motorisée réside plus dans la beauté scénique de ses montagnes que dans les animaux, qui ne se montrent pas beaucoup…

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DSCN1566_L_entr_e_de_la_caverne L'entrée de la caverne

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Seuls les rock dassies, ces damans du Cap, sont très nombreux et on a pu les observer escalader les arbres pour en manger les feuilles.

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Le lendemain, avec un guide, nous avons fait une promenade, à pied, pour grimper au sommet d’une colline dominant le lodge. Vue grandiose sur un paysage sublime et on pouvait difficilement distinguer le lodge, mimétisé dans la montagne...

 DSCN1583_Distinguez_vous_les_b_timents_du_lodge Distinguez-vous les constructions?

DSCN1575 Au loin, l'Omaruru Koppie, et encore plus loin, petites au centre, les collines de Waldfrieden

DSCN1576Le contrefort des montagnes Erongo, oui ce n’est pas trés haut…

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Ah oui, de ce côté cela ressemble plus à des montagnes !

 

Ensuite, en partant du lodge, nous avons voulu continuer la visite de la région et sommes allés jusqu’au bout de la Conservancy. Très beaux paysages rocailleux. En arrivant à la barrière du parc, nous nous demandions si on allait faire demi-tour ou rentrer par une autre route. Pas de carte dans la voiture. Nous demandons donc au gardien son avis et il nous dit qu’il y a une autre route, pas très loin, pour retourner à Omaruru. Résultat, nous avons pu visiter une autre partie de la région, car nous avons dû faire un détour de plus de cent kilomètres… Pas loin ne veut rien dire en Namibie, heureusement que l’on avait suffisamment d’essence !

 

Pour finir ces chroniques, revenons à Waldfrieden et à sa ferme. Les points d’eau naturels s’étaient asséchés depuis Octobre, et les quelques pluies du début du mois en ont déjà, en partie, re-remplis certains.

DSCN1276_KashikundeMiss Vero dans le point d'eau de Kashikunde... et avec les vachesDSCN1280

Les veaux sont nombreux, mais attention aux prédateurs. Un veau a été tué à la naissance et un autre a été sous traitement pendant longtemps, pour une plaie infectée, suite à une attaque par un guépard. De plus, plusieurs vaches ont mis bas, mais le veau n’a jamais été vu. C’est le grand problème de l’élevage extensif, les vaches se retirent à l’écart pour vêler et si le prédateur trouve le veau, à ce moment très vulnérable, il le tue. L’éternel conflit Homme/prédateurs…

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Fort heureusement, de nombreux veaux ont survécu à ce moment dangereux et sont venus grossir le troupeau. Mais on attend avec impatience les vraies pluies, pour faire grandir l’herbe et faire grossir les animaux, qui ont tendance à maigrir en cette fin de saison sèche…

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De plus, il faut refaire un abreuvoir qui est dans un état de délabrement inquiétant et qui fuit de partout. Mais c’est le seul dans la partie proche de la Mission. Il faut donc en construire un autre, pour pouvoir ensuite réparer celui-ci. Ainsi, le fait d’en avoir deux va permettre de pouvoir les nettoyer plus souvent. D’autre part, l’incendie a aussi endommagé la clôture avec la ferme voisine et les bovins sont tous les jours sur la route, ce qui est très gênant. Un gros chantier urgent est donc à mettre en place pour réparer cette clôture de deux kilomètres… Chantiers à mettre en place en parallèle du chantier ambitieux d’amélioration de l’internat. Tellement de priorités urgentes que l’on ne sait plus trop où donner de la tête.

 

C’est donc un peu un sentiment mitigé qui m’envahit, la tête dans le guidon et une vie à cent à l’heure avec tant de projets, mais aussi, bientôt, la fin de ma mission et déjà la question de savoir ce que je ferai ensuite. 

Alors, pour finir, JOYEUX NOEL !

16 décembre 2011

Mariages namibiens

Bonjour à tous,

 

Comme promis, je vais vous faire partager deux mariages où Véronique et moi avons été invités. Deux mariages très différents car l’un était un mariage Damara, à l’Eglise, et l’autre un mariage traditionnel Herero.

Commençons par le premier où nous sommes allés, le Damara. C’était le mariage de la belle-sœur d’un de mes ouvriers de la ferme. Nous avons en fait été invités car ils avaient besoin d’emprunter du matériel de la ferme. Ils sont aussi venus peu de temps avant le mariage acheter un bovin, car la personne qui leur avait promis s’était dédit… Enfin, d’après ce qu’ils m’ont dit. Dans tous les cas, nous avons été invités et c’était la première fois que l’on a assisté à une union en Namibie.

Le mariage d’Elieser et Diana démarrait, d’après l’invitation, à 10h par une cérémonie religieuse à l’église luthérienne. Nous sommes arrivés en retard à 10h15, un peu déçus à l’idée d’avoir raté une partie de la messe devant durer une heure… Quand nous nous sommes rendu compte qu’il n’y avait personne dans l’église. Nous avons dû prendre notre mal en patience car les cloches, pour annoncer la messe, n’ont été sonnées qu’à 11h et la cérémonie n’a finalement commencé qu’à 11h30. Il y avait en fait deux mariages en même temps. L’entrée des mariés est assez remarquable, l’homme arrivant de l’autel, accompagné de sa mère, et la femme arrive du fond de l’église, aussi accompagnée par sa mère. Les futurs époux se retrouvent sous une arche, au milieu de l’église, et une sorte de petite cérémonie a lieu où les mères laissent les tourtereaux gagner l’autel.

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Ensuite, la cérémonie est majoritairement composée de musique et de chants. Juste une présentation des mariés est faite par le pasteur, puis une heure de chants, puis une lecture de l’Evangile suivie par un sermon, encore une heure de chants, les consentements des époux et enfin une heure de chants. C’est très festif, mais mon ventre me rappelle qu’il est déjà 14h passé… Ensuite, tout le monde va saluer la famille proche et les jeunes époux. Nous sommes les seuls blancs de l’assemblée.

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A la sortie de l’église, il y a les traditionnelles photos sur le perron et le lancer de riz. Il fait très chaud, sous ce soleil de plomb, et on peut admirer toutes ces tenues Damara si chatoyantes, vertes pour le mariage que nous sommes venus voir, orange pour l’autre.

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Nous avons ensuite dû aller chercher le pain pour l’internat, à Spar, et en avons profité pour manger un morceau. Nous sommes rentrés donc très tard à Waldfrieden, car il y avait un break entre la cérémonie religieuse et la réception, à 17h précise d’après l’invitation. Nous nous renseignons auprès des Damara de la Mission, pour savoir si la réception va être à l’heure ou encore en retard. On nous dit que c’est en général très à l’heure, voir même en avance, car les gens sont pressés d’aller faire la fête et de manger. Prudemment, on prévoit donc d’arriver à 17h30, mais en arrivant, rien n’est prêt, et ce sera prêt vers 18 nous précise-t-on… Nous allons donc prendre un verre dans un café d’Omaruru pour passer le temps, avant d’y retourner pour 18h30.

DSCN1241Tout le monde arrive finalement après 19h, et c’est l’accueil triomphal des mariés qui peuvent gagner leur estrade, d’où ils dominent l’assemblée. Devant l’estrade il y a, alignés, les 10 témoins qui font face à l’assemblée. La réception commence par les discours et conseils d’amis et proches. Ensuite, tout un chacun peut venir faire un discours ou dire un petit mot de félicitation. Presque tous ces speechs sont en Damara, et autant dire que l’on n’y comprend rien. Heureusement, des personnes nous traduisent et on peut donc se sentir dans le bain… Le dîner est finalement servi à 22h passé et, en voyant le morceau de viande, je revois le taurillon qui est parti la veille de la ferme. Tout le monde est très accueillant envers nous et nous ne nous ennuyons pas de la soirée. Mon voisin de table a décidé de m’expliquer sa vision du monde et de la Namibie, c’est intéressant cinq minutes mais pas toute la soirée… La mariée vient même offrir une bouteille de vin à Véronique en lui disant de la boire plus tard avec son mari, c’est-à-dire moi… Cela nous a bien fait rire. Un convive à notre table nous a aussi expliqué que ce mariage, à l’église, n’était pas du tout le mariage traditionnel Damara. Que l’occident venait ainsi polluer la culture Damara. Non, pour un mariage traditionnel, il n’y a pas d’église ni de réception dans une salle des fêtes, mais une dizaine de bovins abattus et une grande fête avec un rituel très précis. D’après ses propres mots meat, meat, meat ! Pour la soirée, on a encore pu écouter une chanson prisée ici, la reprise de Cette année là de Claude François, mais en Afrikaans…

Ce mariage est donc assez proche de ce que l’on peut voir en Europe, sauf que tout le monde est noir et que l’on ne comprend rien à la langue.

 

La semaine d’après, Véronique discute avec une des profs de l’école avec qui nous sommes amis et elle lui raconte un peu le mariage en lui disant que, maintenant, elle aimerait bien assister à un mariage traditionnel. Sur ce, la prof, Mme Puriza, lui dit qu’elle sera invitée très prochainement à un mariage traditionnel Herero, puisque sa sœur se marie deux semaines après.

Nous voila donc partis le samedi, en début d’après-midi, dans la partie communale, près d’Omatjette, vers la ferme de la famille Puriza. Arrivés, nous sommes accueillis par notre amie, très excitée à l’idée de nous montrer ses traditions et aussi, il est vrai, à l’idée qu’elle pourra avoir un album photo de ce mariage…

En fait, un mariage traditionnel dure plusieurs jours et est régi par des règles très précises. Nous n’assistons donc qu’à une toute petite partie.

La future mariée est cloîtrée pendant plusieurs jours dans une maison et n’a pas le droit de sortir. Sauf à des occasions très particulières. Seuls les amis proches peuvent venir la visiter et le futur époux ne peut y rentrer que le soir, lorsqu’il vient lui faire la court et lui offrir des présents. Nous, en tant que photographes officiels, nous avons le privilège d’aller rendre visite à la future, dans son antre privé. Nous devons tout d’abord patienter quelques minutes, le temps qu’elle se prépare. Lorsque nous pouvons entrer, nous sommes devant un fantôme… ou plutôt un cadeau géant, recouvert par un papier bien étanche. En effet, traditionnellement, on ne doit pas voir la mariée avant qu’elle ne soit emmenée par son mari. Le voile doit donc être très étanche… Comme vous pouvez en juger.

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Mais j’entends déjà la question : mais qu’est-ce qu’elle a sur la tête ? Non, ce n’est pas du papier crépon, mais, comme l’on dit ici, du matangara. C’est-à-dire un morceau de panse de vache. Ce morceau d’entrailles a un destin particulier, comme vous allez le voir plus tard.

 DSCN1330Mais en tant qu’hôtes privilégiés, nous avons le droit de discuter avec la future épouse, sans son voile. D’ailleurs, normalement, tel un voilier, la mariée ne met les voiles que pour faire un tour hors de la maison… C’est à un moment hautement symbolique, l’unification des familles, que la mariée est escortée par les femmes de la famille très proche. Et là, impossible de la voir ! En effet, avant ce moment, la famille du marié et la famille de la mariée sont chacun de leur côté et ne peuvent pas se mélanger. C’est maintenant souvent un jeu, car les deux familles se connaissent souvent depuis longtemps. Lorsque vous saluez un membre de la partie adverse, il peut vous répondre très désagréablement, en disant que vous n’êtes pas le/la bienvenu, même s’il ne le pense pas du tout. Seulement après cette fête de l’unification des familles, tout le monde peut aller et venir comme bon lui semble entre les deux campements.

 

Qu’est-ce donc que ce moment qui unit deux familles ? C’est une fête joyeuse où la famille de la mariée commence à se mettre en demi-cercle, autour du feu sacré, bientôt rejoint par la famille du marié qui amène le bétail remis à la famille de la mariée. Et oui, chez les hereros, comme dans beaucoup de cultures africaines, il faut acheter son épouse… Les femmes sont debout, chantant et dansant, tandis que les hommes ont tous amené leur pliant et sont assis en face, en écoutant.  A alors lieu un combat de planche. C’est assez spécial à voir. Rien de violent, je vous rassure ! En fait, une femme du côté de la mariée et un homme du côté du marié, vont s’affronter dans un chant et une danse rythmés par le battement d’une planche accrochée à un de leur pied. D’après des connaisseurs, c’est une tradition qui n’est plus l’ombre que d’elle-même, comparée aux grands mariages du passé. Une tradition qui se meurt et que les gens ne maîtrisent plus vraiment…

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Ensuite, toutes les femmes très proches de la mariée vont dans sa maison et en ressortent avec elle, dans une procession très colorée. On a bien du mal à distinguer la mariée dans ce groupe. Arrivée devant le feu sacré, le morceau d’intestin est retiré de son voile et sera laissé au soleil où il sèchera et restera là in vitam aeternam (si un chien ne vient pas le chiper…) pour symboliser la pérennité de l’union. Elle repart ensuite comme elle est venue, mais sans son matangara.

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CIMG6873 L'enlevage du matangara

Tout le monde fait la fête, sauf le marié et son cercle le plus proche. En effet, le marié n’est pas autorisé à paraître du côté de la fête de la mariée. Pour le voir, nous devons donc aller dans son campement, à trois cents mètres de la ferme. Il a un mouchoir sur le front, qui doit surement servir à éponger la sueur due au stress à l’idée de prendre épouse…

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Inutile de préciser que toutes les dames ont sorti leurs plus beaux vêtements pour l’occasion. Ces fameuses robes avec leur chapeau symbolisant les cornes des vaches, qui encore maintenant représente la richesse d’une famille. Ces robes victoriennes, qui ont été portées à la cour d’Angleterre pendant quelques années mais, bien que rapidement tombées en désuétude en Europe, ont gardé toute leur superbe ici, malgré la chaleur…

Mme Puriza nous avait demandé d’être dans son thème, le rose. Comme vous pouvez le constater, Véronique a réussi à la perfection !

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Maintenant, pour que l’expérience namibienne soit complète, il faudrait que l’on puisse assister à des funérailles. Il paraît que cela vaut vraiment le détour. Mais il est bien difficile de planifier un tel événement…et, bien que les gens meurent beaucoup en Namibie, nous n’y avons encore jamais été conviés.

C’était la chronique mondaine namibienne…

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16 décembre 2011

Rencontres frissons

Bonjour à tous,

 

Pour commencer, bon anniversaire Gaël ! 

En ce jour d’anniversaire familial, un message au sujet de ces rencontres fortuites et souvent très brèves. Si vous montez sur une chaise dès que vous croisez une souris, je ne pense pas que ce message soit fait pour vous…

 

Un petit tour de ces rencontres venimeuses, qui n’ont finalement pas de mordant… La Namibie compte quelques spécimens parmi les plus venimeux de la planète. Vous avez déjà pu admirer quelques exemplaires de scorpions, dont le Parabuthus granulatus, très présent ici. DSCN8088_Parabuthus_granulatus

La saison des pluies fait sortir tous ces animaux de leur refuge. A la première grosse pluie, les termites prennent leur envol du nid et vont fonder de nouvelles colonies. C’est aussi une manne alimentaire pour de nombreux animaux, profitant de ces insectes gras et gouteux. Les termites perdent leurs ailes en atterrissant et vont ensuite se glisser dans les crevasses et autres trous, suivies par leurs prédateurs, dont font parti les scorpions. C’est ainsi que, les termites passant sous ma porte, j’ai retrouvé un scorpion mortel dans ma chambre, sous un sac à dos. Heureusement que je l’ai vu avant de marcher dessus… Le soir d’après j’en ai cherché d’autres, dehors, et j’en ai vu un jeune que j’ai nourri en lui apportant quelques termites. En fait, il attrape la termite par l’abdomen et aspire le jus nourricier de l’abdomen, laissant la partie avant, dure et peu appétissante. Les termites sont donc un peu comme les crevettes…

 

Une autre fois, en rentrant dans ma chambre, j’ai un scorpion sur le mur, près de la porte.

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Mais il n’était pas très impressionnant, du long de son centimètre…

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Pour rester dans le genre arachnide, il y a un animal très impressionnant, mais inoffensif car sans venin. C’est la solifuge, toujours en mouvement, et dont la voracité semble à l’opposé de sa fragilité. Ses mâchoires sont robustes, et elle semble avoir cinq paires de pattes. Mais, non, cette paire supplémentaire est en fait un pédipalpe, organe sensoriel en relation avec la mâchoire. Les chats d’ailleurs savent que ce n’est pas dangereux et en raffolent. Vous pouvez admirer la taille de ce spécimen…

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Bien que n’ayant pas eu l’occasion de voir la veuve noire, cette fameuse araignée la plus dangereuse au monde, j’ai tout de même eu l’occasion de voir deux mygales à quelques jours d’intervalle. Tout d’abord, une lesser baboon spider, pas très impressionnante car de petite taille.

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Ensuite, une très belle baboon spider, près de ma porte de chambre.

DSCN1607Mais, ce qui m’a étonné, c’est que ces prédateurs qui font si peur ne sont pas du tout agressifs.DSCN1610

S’ils se sentent menacés, ils vont se mettre en position défensive, ou faire le mort, mais vont plutôt préférer la fuite devant ce super prédateur qu’est l’homme…

 

Passons maintenant à vos rêves les plus sombres, ce danger rampant que représentent les serpents. Durant mes pérégrinations dans le bush et les hautes herbes, j’ai été amené à en croiser de nombreux. Très souvent, quand je marche sur la ferme, mon attention est attirée par un bruit de fuite, très rapide, et il est bien difficile de savoir si c’est un gros lézard ou un serpent. Parfois, j’aperçois le serpent, furtivement, mais, à l’endroit où il s’est arrêté, je ne parviens presque jamais à le revoir. C’est surement un de ces petits serpents peu venimeux comptant plus sur leur camouflage que sur leur venin pour se protéger. Du style de ce stripe-bellied sand snake (Psammophis subtaeniatus), vu dans la Mission.

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Des fois, il faut lever la tête, car le serpent est dans l’arbre. Tel ce serpent arboricole qu’est le boomslang. Très venimeux mais dont la chance de morsure est infime.

DSCN9914_Boomslang_female

Les puff adders, ces grosses vipères très nombreuses ici, sont plus dangereuses. Une fois, en courant dans le bush, j’entends un mouvement furtif et je me retourne pour m’apercevoir que j’ai marché juste à côté d’un très beau spécimen, qui est alors en position défensive, prêt à mordre. Quand on sait que c’est le serpent responsable du plus grand nombre d’envenimations en Afrique Australe, il faut être prudent. Mais, lorsque je l’ai taquinée avec une herbe, elle est plutôt partie se réfugier au pied d’un gros buisson que d’essayer de mordre.

 

Deux cas qui m’ont fait beaucoup plus frissonner. Le premier, il y a déjà quelque temps, c’est un assez gros serpent qui m’est passé entre les jambes, pour aller se réfugier dans son abri (un tronc d’arbre). Je n’ai pas su s’il était dangereux mais je n’ai pas fait le malin… Encore une fois, il a préféré la fuite et n’a pas essayé de mordre, même s’il aurait été facile pour lui de le faire.

 

Le deuxième cas est beaucoup plus récent. Je marchais près d’un bassin, dans les hautes herbes, et je m’arrête juste avant de poser le pied sur un énorme serpent. Plus particulièrement LE plus gros type de serpent de la région,  Python sebae. Un python de belle taille déjà. Lorsque je me suis aperçu que c’était sans danger, j’ai essayé de le prendre en photo, mais il avait déjà disparu dans l’eau. Ne restait plus que de la sueur froide…

 

Ce message à but éducatif fait partie de ce que j’essaie de faire passer aux enfants. Oui, ces animaux peuvent être dangereux, mais c’est souvent quand ils sont attaqués ou menacés par l’homme. Dans un reflexe de défense ils peuvent utiliser leur venin, mais ils vont plutôt, s’ils le peuvent, s’enfuir que d’utiliser un venin si précieux pour eux.

Peut-être est-ce parce que je suis très chanceux que je n’ai pas encore été mordu ou piqué par ces charmantes créatures…

 

Le seul animal créant une sorte de peur panique chez les namibiens est le caméléon. Mais, avec de l’éducation, on peut changer leur comportement et cette photo aurait été infaisable il y a seulement quelques mois… Toutefois le sourire est un peu crispé et j’ai dû récupérer l’animal très rapidement après la photo !

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C’était un message environnementaliste, pour montrer qu’en France, la couleuvre et la vipère sont finalement bien petites et inoffensives. Il serait donc bien de les laisser vivre en paix quand on sait leur utilité à manger les rongeurs pouvant être si nuisibles lorsqu’ils sont en surpopulation…

 

IMG_0052La vipère de nos campagnes, 50 centimètres de long seulement et seul animal dont le venin est assez puissant pour tuer un humain (hors cas d’allergie et attaque par un essaim d’abeilles et autre frelons) dans la moitié nord de la France, créant une sorte de peur panique rien qu’à sa vue.

 

A bientôt,

9 décembre 2011

To stay or not to stay, that is the question...

Bonjour à tous, En ce temps de Noël, la chaleur est orageuse en Namibie. La pluie a commencé à tomber. Deux jours de pluies et 26 mm au total. Tout commence à verdir, mais si de nouvelles pluies ne viennent pas en renfort, toutes les petites pousses d’herbe vont mourir… Cette histoire naturelle en amène une autre. Mon contrat se termine en mars prochain et il y a la grande question de ce qui va se passer après mars. Tout ce que j’ai eu tant de mal à bâtir va-t-il retomber comme un château de carte ? J’avais eu une grande discussion avec le Vicaire, à Windhoek, pour savoir ce qui allait se passer. Le mettant en garde que le temps était plus que compté pour le renouvellement de mon poste. Sur le futur de la ferme, il me donne l’idée de vouloir la relancer et donc d’investir dessus. Ce que j’attends depuis bientôt deux ans… Je lui dis donc que, s’il décide d’investir, je peux rester un an de plus pour mettre en place les projets qui me tiennent à cœur. Mais il faut qu’il fasse attention à faire la demande dès que possible, pour un volontaire après moi, pour éviter un nouveau problème de succession. Il doit donc revenir rapidement vers moi pour savoir si effectivement les conditions sont réunies pour que je reste un an de plus. Une semaine après, coup de téléphone d’un voisin nous expliquant qu’il a rencontré le Vicaire et qu’il va venir avec un autre agriculteur visiter la ferme, en vue de la louer. Grosse surprise de ma part, on n’avait pas du tout évoqué cette possibilité durant la réunion de la semaine précédente. Un mois après, Sacrement de Confirmations à Waldfrieden, et c’est le Vicaire qui vient l’administrer. Il me confirme qu’il veut louer la grande partie de la ferme (environ 4500 ha) et ne garder que la petite partie de 500 ha, du côté de la rivière, pour garder un peu de bétail pour l’internat. Il y aurait donc encore le potager (qui perd tellement d’argent que la rationalité voudrait qu’on l’arrête) et le verger moribond ainsi que des animaux. Donc, pas de grand changement et il y aura encore tous les mêmes ennuis mais sans les revenus… Mais, comme il sait que le processus de location, avant d’arriver à un agrément, est long, il veut que je reste un an de plus pour assurer la transition. En gros, que je m’occupe d’expliquer son projet, de virer les ouvriers qui ne font pas partie du nouveau projet et, s’il reste un peu de temps, de me consacrer à l’agriculture… Je sais que la partie ressources humaines est très importante dans un poste de management, mais je ne veux pas rester un an de plus pour régler uniquement des problèmes à cent milles lieues de l’agronomie. Surtout que tout le monde va penser que c’était mon idée de louer la ferme et que je suis donc contre eux… J’ai déjà assez de mal à leur faire comprendre que dans une ferme il y a des règles à respecter, et les avertissements que j’ai commencé à donner ne me donnent pas beaucoup de popularité auprès de mes employés. Tant d’années de laxisme ont marqué les esprits et chacun est persuadé que le problème vient de l’autre. Un exemple concret : il y a une pause de 30 minutes dans la matinée, mais les ouvriers ont tendance à dépasser largement ce temps. Une fois, j’ai eu le malheur de faire remarquer à une de mes employées qu’elle avait pris plus d’une heure. Elle est venue me voir après pour m’expliquer qu’elle fait toujours son travail remarquablement, que s’il y a des problèmes c’est à cause d’untel ou encore de cette autre personne, mais surtout pas de sa faute. Personne ne se remet jamais en question et quand on veut faire bouger les choses dans le sens de l’intérêt général, on est la pire des personnes. Cela dit, si je mettais en pratique les conseils des fermiers voisins, je pense qu’au moins la moitié de mes ouvriers auraient déjà été licenciés… J’ai donc finalement pris la décision, après maintes tergiversations, de ne pas renouveler mon contrat et de rentrer en France en mars 2012. J’ai écrit un email au vicaire pour lui expliquer que si je voulais bien rester un an de plus, c’était pour relancer la ferme, pas pour la stopper. Mais cela relance la question de ce qui va se passer après mars 2012. Et je pense qu’en fait, personne ne sait vraiment ce qui va se passer… Je pressens juste que tout le système de traçabilité des bovins, avec les soins reçus, les filiations entre animaux, et autres informations que j’ai mis beaucoup de temps à collecter puis à rentrer dans une base de données sortant une fiche individuelle par animal, ne va juste servir à rien si presque tous les animaux sont vendus… Et que toutes les informations réunies pour mon successeur ne seront pas utilisées… Dans tous les cas, cela a réjouis ma famille de savoir que je ne prolongeais pas mon volontariat…! Voila, c’était juste un message sans photo pour vous faire partager la prise d’une décision difficile… Si je trouve le temps, je vais essayer de vous faire partager deux mariages où nous avons eu la chance d’être invités, vous montrer quelques photos des Confirmations et puis vous parler un peu des veaux de cette année, qui sont tellement nombreux que l’on ne sait plus où donner de la tête. Plus de quarante naissances depuis août, et ce n’est pas encore fini…
17 novembre 2011

Ca chauffe!

Bonjour à tous,

 

Tout d’abord, une question : à qui appartiennent ces jambes… ?

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Oui, effectivement, ces jambes sont miennes. Aurais-je donc tellement pris le soleil que ces guibolles sont maintenant de la couleur locale ? Non, je ne suis jamais en short, et d’ailleurs je rougis plus que ne bronze… Non, cette couleur est due à un incendie, plus particulièrement la suie et la cendre de l’incendie. Un de plus, me direz-vous, dans cette année si spéciale par le fait que tout brûle. Mais, cette fois-ci, c’était très différent pour moi. En effet, c’est la ferme de Waldfrieden qui s’est embrasée. Le feu est parti de la ferme voisine, pour une raison indéterminée, tôt le mardi matin. Nous sommes allés sur place pour éteindre l’incendie et tout semblait maîtrisé avant la fin de la matinée. Nous sommes donc rentrés confiants, pensant que le propriétaire de la ferme allait faire le nécessaire pour s’assurer que tout était sous contrôle. Avant une heure de l’après-midi, de grandes volutes de fumées étaient visibles de la Mission, certifiant que le feu avait repris, et de plus belle. Nous nous sommes donc précipités, pensant que c’était encore chez le voisin. Mais, nous avons eu la mauvaise surprise de constater que le feu était déjà sur Waldfrieden et progressait à une vitesse alarmante. Plusieurs fronts rendaient difficile l’accès aux flammes, au risque d’y rôtir comme un poulet. Après quelques temps de lutte acharnée et le vidage complet de la pompe à incendie, nous avons dû repartir faire le plein et, en revenant, nous avons eu l’agréable surprise de voir que la cavalerie arrivait à notre secours. La solidarité se mettait en œuvre et des fermiers de tous les horizons venaient, pour prêter main-forte. Mais, entre-temps, le vent s’était encore renforcé et, en arrivant sur l’incendie avec le père Oswald, nous n’avons pu que constater des flammes énormes progressant vite dans notre direction. Juste le temps de faire demi-tour et de s’enfuir. C’est le gros problème, il y a tellement d’herbe dans cette partie de la ferme que le feu est trop bien nourri…

 

Finalement, toutes les voitures se sont alignées sur un chemin et des contre-feux ont été allumés, pour stopper l’avancée du feu. Mais, un front n’a pu être maîtrisé et il fait déjà nuit depuis longtemps que le feu fait encore rage… Flamboiement rouge dans la nuit noire. Ce serait tellement beau si ce n’était pas la ferme qui brûlait ! Avec la nuit, la température chute et le feu se calme. Ainsi, comme il est déjà 22h passé, on décide d’arrêter, pour ce jour, la lutte. On espère même que le feu va s’éteindre de lui-même, pendant la nuit… On est tellement fatigué par tant d’heures de lutte. C’est vraiment ce qui s’appelle : monter au charbon…

 

Le lendemain, je repars vers 6h, au lever du jour, pour voir les dégâts et si le feu est encore actif. Je prends avec moi une clapette géante, un fire beater, dont la claque sur le feu de brousse éteint la flamme. C’est très efficace lorsque seule l’herbe est en feu. Au premier abord, rien ne brûle, je parcours la zone et tout semble sous contrôle. Mais, avec la chaleur qui augmente et une petite brise, je vois deux endroits avec une âpre fumée noire. Je me précipite sur l’une d’elle et je préviens les autres où il faut aller. Je me sens si seul devant ce mûr de feu, à sans cesse avancer en tapant les flammes. Ce front ne semble jamais se finir… Et quand je parviens, enfin, à son extrémité qui a buté sur une colline qui a commencé à s’enflammer, je dois retourner en arrière, car cela brûle encore. Quand, finalement, après trois heures de lutte acharnée, je vois la pompe à incendie, je sens comme une délivrance et je peux enfin profiter du bonheur intense de boire de l’eau fraîche ! Mais le feu n’est pas encore maîtrisé et il faut encore beaucoup d’efforts pour en finir. Heureusement que deux voisins sont encore venus prêter main-forte pour le deuxième jour.

 

Mais, ce coup-là, on fait attention et on fait le tour pour vérifier qu’il n’y a pas de risque potentiel de reprise d’incendie. Les voitures restent même ready for intervention pendant 24 heures, mais tout semble calme.

Le seul grand absent de cette lutte semble être le voisin de la ferme d’où le feu est parti.

 

Dimanche dernier, je suis monté sur la montagne avec Vero pour voir les dégâts et vérifier que rien ne brûle. Quatre jours après, il y a encore de la fumée visible au loin. En allant sur zone, on s’aperçoit qu’un arbre est encore en feu et menace de faire redémarrer l’incendie. Heureusement j’ai ramené une gourde d’eau…

 

Finalement, environ vingt pour cent de la ferme a brulé, ce qui fait à-peu-près 1000 hectares. La bonne nouvelle est que l’on aura surement assez d’herbe pour nourrir les animaux, jusqu’à la prochaine saison des pluies. Si un autre incendie ne vient pas se superposer à celui-ci.

Voila le résultat de deux journées chaudes et enflammées…

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J’espère donc que la saison des pluies va venir très prochainement, d’une part, pour mettre fin à la saison des feux de brousse et de l’autre permettre à l’herbe brûlée de reverdir nicely… Tout en espérant qu’une partie des arbustes auront été tués dans l’incendie.

 

A une prochaine.

 

Quelques photos du résultat de l’incendie…

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5 novembre 2011

Voyage en famille, suite et fin

Bonjour à tous,

 

Il me semble avoir entendu des échos favorables à la première partie, alors je publie la suite des vacances. C’est encore assez long…

 

A la fin de l’épisode précédent, nous étions sur le départ du parc de Moremi, pour aller à Kasane, via le parc de Chobe. Une très longue route, non pas en terme de kilomètres (300) mais en terme de temps. En effet, la route y est souvent difficile…

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Nous avons donc décidé de partir le plus tôt possible, à l’ouverture du parc, à six heures du matin. Malheureusement, les rivières ayant encore un niveau très élevé, nous ne pouvons prendre la route qui traverse à gué la rivière Khwai et ensuite la longer, car cette route scénique est impraticable au niveau du passage à gué. On ne peut prendre le risque de perdre la voiture. J’ai déjà noyé une voiture dans une rivière, cela me suffit… Nous avons donc dû faire un détour de 120 kilomètres, par des routes peu giboyeuses, pour contourner un des plus beaux game-drive du parc… Un peu frustrant, mais plus que nécessaire.

 

Donc, après être ressortis de Moremi, par la porte sud que nous avions utilisée à l’arrivée, nous filons vers Chobe National Park par une route de gravier. Ensuite, la route devient bien moins bonne et beaucoup plus sablonneuse. Puis, à l’entrée du parc, nous avons la chance d’être accueillis par un grand groupe d’autruche, après quelques girafes et des antilopes.

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S’en suit un passage que l’on pourrait appeler la route des phacochères, beaucoup de groupes se reposant à l’ombre des arbres. Ensuite, la Mababe Depression, un ancien lac marécageux, étant impraticable (peut-être que ce lac asséché depuis de nombreuses années s’est rempli de nouveau…), nous devons prendre le sand ridge, la crête de dune. Cette route, totalement inintéressante en terme d’animaux, est aussi très sableuse et souvent difficile. On fait plus un rallye qu’un game-drive sur cette route forestière, loin de tout point d’eau. Puis, nous arrivons dans la plaine de Savuti. C’est, d’après les connaisseurs, un des endroits au monde avec la plus grande concentration d’animaux. Malheureusement, nous ne faisons que traverser, et traverser à l’heure la plus chaude du jour. Autant dire que les animaux ne sont pas très nombreux dans cette plaine ouverte… Nous faisons tout de même un petit détour, pour aller voir les peintures Bushmen, situées sur une colline appelée, sans grande originalité, Bushman painting hill…

DSCN0442_bushman_painting_hill  IMG_1479_Ascension_vers_les_peintures_bochimanes

Nous sommes un peu surpris de voir un point d’eau qui s’avère être une rivière. C’est le Savuti Channel, une rivière mythique qui s’était totalement asséchée en causant la mort des hippopotames et autres crocodiles. Mais la pluviométrie extraordinaire de cette année a redonné vie à cette rivière disparue.

DSCN0441_Savuti_channel   DSCN0446_Savuti_channel

Nous pouvons donc admirer l’œuvre des premiers habitants de la région, ces fameuses peintures bushmen. Des animaux dessinés à l’ocre rouge, ressemblant à des dessins un peu enfantins.

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Le soleil est au zénith et l’ascension donne soif… C’est d’ailleurs surnommé le pays de la soif par les guides, car ils peuvent y revendre des boissons à des prix très élevés, les gens étant prêt à tout pour avoir une boisson fraîche ! Nous n’y avons heureusement pas rencontré de léopard ou de lion, comme cela arrive de temps en temps, et l’on m’avait dit de me méfier d’une mauvaise surprise…

 

Nous reprenons ensuite la route et traversons Savuti et son pont tout neuf. Depuis plus de 20 ans la rivière était à sec et les voitures la traversaient sans problème, mais c’est maintenant une rivière profonde, attirant les oiseaux de toute sorte et les éléphants… Rapidement après Savuti, la piste devient très sablonneuse et nous escaladons des dunes fossiles. Nous avons la joie de tester l’ensablement… Heureusement, mes aventures sur la ferme m’ont appris la conduite sur terrain difficile et particulièrement sur sable. De plus, le 4x4 de location est de loin beaucoup plus efficace que mon vieux pick-up à 2 roues motrices de la ferme…

DSCN3087_La_route_est_longue_et_difficile

Il faut de temps à autre s’arrêter, pour laisser passer un groupe d’éléphants.

DSCN3073_Attention__travers_e_d__l_phants

Nous attendons qu’ils se soient un peu éloignés et pouvons continuer. Une fois, en arrivant à leur hauteur, la matriarche a commencé à vouloir nous charger. Ce n’était pas le moment de s’ensabler, mais nous sommes rapidement loin et elle peut reprendre sa marche tranquille, sous ce soleil écrasant… Nous sortons du parc et traversons la réserve forestière de Chobe, avec quelques baobabs le long de la route. Ensuite, nous voyons un peu de civilisation en traversant quelques villages, et la route de goudron permet de souffler après ces kilomètres difficiles.

DSCN3090_Chobe_River_Front__before_Kasane

Lorsque l’on rentre dans la partie nord du parc de Chobe, il est malheureusement trop tard pour faire la route scénique, longeant la rivière Chobe, et nous devons nous contenter de la route goudronnée arrivant directement à Kasane. Nous avons tout de même la joie de voir des Sable antelopes (Hippotragus niger) traverser la route devant nous.

DSCN0453_Sable_antelope

Nous arrivons de nuit à Kasane et prenons le dernier emplacement disponible dans le camping que l’on m’avait conseillé. Ouf, car il est tard, la route a été très fatigante et nous n’avons pas envi d’errer à la recherche d’un camping…

Depuis deux jours, une piqûre douloureuse m’a fait enfler le bras. Je me suis même demandé si ce n’était pas le scorpion de Third Bridge… Pour le moment, c’est encore supportable même si c’est lancinant pendant la nuit. Nous avons eu de la chance, car cela ne m’a pas gêné pour conduire.

Kasane est un oasis, le long de la grande rivière pérenne de Chobe, en face de la Namibie. Le camping est juste le long de la rivière (les panneaux attention aux crocodiles et aux hippopotames nous le rappellent…), et on a une vue magnifique sur l’île de Sedudu.

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D’ailleurs, cette île a une histoire spéciale. En effet, elle est submergée pendant toute la saison des pluies et, seulement lorsque la sécheresse arrive, elle se découvre. Toutes sortes de brouteurs traversent alors la rivière pour profiter de son herbe grasse et nutritive, lorsque tout est surpâturé et donc totalement dépourvu d’herbe le long de la rivière. C’est alors un endroit extrêmement touristique et le tour de cette île, de seulement quatre kilomètres de long sur un kilomètre de large, apporte des revenus importants au pays qui la possède. Après son indépendance, la Namibie reluquait cette île éphémère, située entre la Namibie et la Botswana. Un bras de rivière séparant l’île de chacun des pays. Une guerre a même failli éclater. Mais, heureusement, ils ont préféré porter le contentieux auprès de la Cour Internationale plutôt que sur le terrain militaire. Cette dernière a fait sonder les deux bras de rivière et l’île a été donnée au pays ayant le canal le moins profond, c'est-à-dire la Botswana…

Le lendemain, nous en profitons pour nous reposer un peu, après la journée harassante de la veille. Nous allons visiter une ferme d’élevage de crocodiles, qui s’avère être une ferme de reproduction uniquement, l’élevage ne possédant que des adultes. Les jeunes sont revendus à trois mois d’âge. Nous avons ainsi le plaisir de voir de très beaux spécimens de crocodiles du Nil, provenant de la rivière Chobe toute proche. Certains ayant plus de cent ans et mesurant plus de quatre mètres cinquante. En tout, ils ont 150 adultes reproducteurs. Et, à ce moment de l’année, les femelles sont très agressives car elles surveillent leurs nids…les œufs de crocodile étant très appréciés par certains prédateurs, spécialement les varans du Nil (Varanus niloticus). Ainsi, durant les trois mois d’incubation, la femelle crocodile ne s’alimente pas, gardant jour et nuit son nid contre les intrus.

DSCN0478_Crocodile_Kasane

Après cette visite très intéressante, nous rentrons au camping du Chobe Safari Lodge et nous nous préparons pour la « croisière » sur la rivière Chobe. Un highlight de toute visite de Kasane. La croisière est en fait le tour de cette fameuse île de Sedudu. Le lodge, a lui seul, a rempli trois bateaux de touristes. Au moins 200 touristes font le tour de l’île en cette fin d’après-midi. A 70 pulas le droit d’entrée dans ce parc national, on peut comprendre l’intérêt des autorités pour cette langue de terre inhabitée…

Cette promenade est réellement extraordinaire. Le fait que ce soit du tourisme de masse ne pose pas du tout de problème ici. Les animaux semblant être habitués… Le guide est très intéressant, mais n’a qu’un seul défaut, d’après mes compagnons de voyage, c’est qu’il parle anglais !

Des troupeaux d’éléphant cohabitent avec des troupeaux de buffles, des antilopes de toute sorte, des oiseaux en pagaille. Bref, une féérie pour le touriste de base et un excellent lieu d’observation pour le naturaliste. D’ailleurs, le bateau de grande taille permet de s’approcher au plus près des hippopotames. Ce qui serait totalement impossible avec un plus petit bateau ou avec un mokoro traditionnel.DSCN3910_P_cheurs_en_Mokoro On a ainsi la chance d’être tellement près d’un groupe, entassé dans une minuscule piscine, que l’on a l’impression de pouvoir les toucher. Des jeunes sont présents, ils sont déjà aussi gras que leurs parents… D’ailleurs, cette île est un paradis pour ses habitants. En effet, aucun prédateur mammifère n’y est présent. Mais, comme tout paradis, cela se mérite et, pour y arriver, il existe un risque non négligeable, spécialement pour les antilopes. Ce risque s’appelle le crocodile du Nil, dont les eaux de la rivière Chobe en sont infestées. Ce sont donc, en quelque sorte, les gardiens du paradis… Beaucoup voudraient y entrer, peu y arrivent, pour preuve les nombreuses antilopes s’abreuvant de l’autre côté, celui où les prédateurs les attendent et où l’herbe est sèche et rare. A noter, si l’on veut continuer cette métaphore biblique, que ce paradis est un paradis perdu la moitié de l’année, lorsque le niveau de la rivière monte de plus de deux mètres en engloutissant cette île, forçant ses habitants à fuir le déluge…

 DSCN0504_red_lechwe_Sedudu_Island   DSCN0590_2_big_five__Sedudu  DSCN0578_hippos_Sedudu_Island   DSCN0629_Hippos_at_Sedudu   DSCN0595_Hippo_at_Sedudu   DSCN0624_Buffalos__Sedudu   DSCN0565_Buffalo_and_egret__sedudu_island   DSCN0599_Yellow_billed_stork__Mycteria_ibis_   DSCN0528_varan_du_Nil

Pour le moment, les animaux y paraissent d’une quiétude impossible à troubler. C’est l’avantage de savoir qu’on ne risque pas d’être mangé à tout instant. Sur le continent, ce n’est pas le cas. La preuve en est d’un troupeau de waterbucks (Kobus ellipsiprymnus) qui s’est affolé parce que des phacochères se sont mis à accélérer en passant près d’eux. Les phacochères, voyant les antilopes s’enfuir, se sont aussi affolés et, finalement, tout le monde s’est enfuit à toute jambe, avant de se rendre compte, quelques centaines de mètres plus loin, qu’il n’y avait aucune raison d’avoir peur. Cette course ventre à terre m’a fait penser à un proverbe australien disant qu’il ne sert à rien de courir vite, il faut juste courir plus vite que son voisin…

 DSCN0675_troupeau_de_waterbucks

Du côté du continent vient s’abreuver un troupeau d’éléphants. Un bébé semble n’avoir qu’une semaine, il ne sait pas encore se servir de sa trompe. Il boit donc en mettant la bouche directement au niveau de l’eau, ce qui n’est pas pratique, puisque la trompe est alors aussi immergée. Il doit donc rapidement apprendre à utiliser son appendice nasal, qui est multifonctions : respiratoire, tactile, préhensile, olfactif, sert de verre et de pomme de douche. Rien qu’avec cet organe, si vous mettez quelque chose qui ne lui convient pas, il vous montrera qu’on ne peut pas le tromper…

 DSCN0660_El_phants_sur_le_bord_de_la_rivi_re_Chobe

Cette région du monde est réputée pour ses éléphants et il paraît que c’est, durant la saison sèche, à Kasane qu’il y a la plus grosse concentration d’éléphants au monde. Ils sont tous attirés par la pérennité de la ressource en eau. Et, contrairement à beaucoup de régions d’Afriques, le fait que la ville de Kasane gravite essentiellement autour du tourisme favorise la gestion des conflits homme/éléphants. En effet, peuvent-ils supprimer ces animaux qui leurs apportent tant de touristes et les font vivre. Ils ont donc trouvé des solutions : les fermes maraîchères très intensives de la région ont été concentrées au même endroit et ils ont clôturé et électrifié leurs bordures. Ainsi, les pachydermes ne peuvent accéder aux bananes ou autres fruits et légumes…

 

Les éléphants, durant la croisière, sont le clou du spectacle. En effet, à part les jeunes éléphanteaux, ils ne risquent pas de se faire dévorer par les crocodiles et peuvent donc traverser sans risque ce chenal peu profond où ils ont d’ailleurs pied. Ils ont ainsi l’habitude de venir tôt le matin sur l’île et d’en repartir le soir, au plus grand bonheur des touristes… Quelques sauriens, à demi immergés, regardent passer toute cette viande, sans pouvoir en avoir une part.

 DSCN0712_travers_e_du_chenal   DSCN0716_fin_de_la_travers_e__tout_le_monde_ressort

Nous continuons le tour de l’île et le soleil commence à se coucher, créant de magnifiques contre-jours, permettant ainsi de faire de très beaux jeux de lumières.

DSCN0690_El_phants___Sedudu   DSCN0722_coucher_de_soleil_sur_le_Chobe   DSCN0740_jeu_de_lumi_re__Sedudu_Island

Décidément, cette balade navale est un plaisir pour le touriste, le naturaliste, l’ornithologue, le peintre et le poète…

DSCN0744_Dad_and_Mum__Chobe_River_Cruise

 

Les trois heures de croisière s’achèvent et on n’a pas eu le temps de s’ennuyer. Ensuite, nous nous offrons le plaisir d’aller dîner au restaurant du Lodge, dans une atmosphère décontractée et conviviale. Le dîner est un buffet self-service, très copieux et très bon. Mais il faut se méfier des viandes en sauce, dont la base pimentée fait immanquablement pleurer et couler le nez. Dommage car, pour la suite, on n’a plus de goût tellement nos papilles gustatives sont brûlées… Mais heureusement, elles se sont remises pour la farandole de dessert, qui est plus qu’attrayante !

 

Le lendemain, nous allons au Zimbabwe. L’attrait de cette merveille naturelle, que sont les chutes Victoria, aura été plus fort que l’appréhension d’aller dans ce pays que les médias occidentaux critiquent tellement. Mais il y a une grande différence entre la politique et le tourisme. Le fait est que l’on a été très bien accueilli à la douane et les zimbabwéens rencontrés ont été amicaux. Peut-être que les N$300 de frais de visa par personne, plus les frais d’assurance pour la voiture, aident à voir les touristes par leur bon côté : des gens qui amènent de l’argent frais dans un pays qui en manque cruellement. Pour preuve, ce pays n’a même plus de monnaie. Le dollar zimbabwéen n’existe plus et a été remplacé par le dollar US, l’euro, le rand, les pulas, le dollar namibien ou toute autre monnaie qu’ils savent avoir encore de la valeur. La seule valeur du dollar zimbabwéen, c’est une valeur touristique, lorsque l’on revend aux badauds des billets de 20 ou 50 milliards de dollars… Et oui, je me suis aussi laissé tenter par l’argent facile. J’y suis rentré pauvre volontaire, et j’en suis ressorti milliardaire…d’une monnaie qui n’existe plus !

 

Victoria Falls est le nom d’une chute d’eau de 1700 m de long et dont la hauteur oscille entre 70 et 107 mètres. En fait, il y a de nombreuses chutes séparées par des îles. Certaines sont asséchées en cette période de saison sèche, d’autres sont encore très bien fournies, particulièrement la Cataracte du Diable et les chutes principales.

panorama_Vic_Falls_Main_Falls

DSCN0774_Hommage___Livinstone   DSCN0773_Chutes_Victoria__vue_g_n_rale_de_la_faille_du_c_t__de_la_Cataracte_du_Diable  DSCN0811_Vic_Falls   DSCN0829_Brouillard___Vic_Falls   DSCN0843_Saison_s_che___Vic_Falls   DSCN0882_Votre_serviteur   DSCN3754_Vic_Falls

Ces chutes sont assez spéciales car, lorsque l’on est en face, on se tient à la hauteur du sommet. C’est une curiosité géologique par le fait que l’eau tombe dans une faille de 1700 mètres de long sur environ 100 mètres de larges. Toute l’eau se vidant par une étroite gorge continuant avec des rapides. On a ainsi moins l’impression de grandeur que pour d’autres chutes où l’on se tient face à un mur d’eau, sans possibilité de voir derrière… Mais, cela dit, ces chutes sont de toute beauté et la seule surprise est de voir le débit du siphon, qui ne paraît pas avoir le débit des chutes. Où peut donc être passée toute cette eau… ?

 DSCN0854_L__vacuation_des_chutes_dans_un_canyon

Un point d’observation y est de toute beauté et l’on peut s’approcher très près du bord. Mais, comme il n’y a pas de barrière, c’est appelé Danger Point. Je crois que la personne qui a eu le plus peur, dans l’histoire, c’est celle qui est restée prudemment à cinquante mètres du bord… N’est-ce pas maman… ?!

DSCN0857_Vue_des_chutes_depuis_Danger_Point

Lorsque nous avons fini la visite, jusqu’au pont métallique passant au-dessus des gorges et reliant la Zambie au Zimbabwe (à noter, pour les plus téméraires, le saut à l’élastique ayant la profondeur la plus grande au monde, à partir du pont …), nous sommes repartis en relongeant les chutes, pour en profiter au maximum. Nous avons eu le plaisir de voir un groupe de phacochères, de l’autre côté de la barrière, mangeant tranquillement près d’un précipice… Et d’ailleurs, ce n’est pas la peur du vide ou le vertige qui les obligent à rester sur les genoux.

 DSCN0873_Les_phacoch_res_de_Vic_Falls

En face de nous, à quelques mètres du grand plongeon, des pêcheurs semblent défier la mort. Cela me fait penser à la question des poissons migrateurs. Peuvent-ils remonter de telles chutes ? Et si l’on me tend la perche, j’ajouterais que c’est surement pour cela qu’il n’y a pas de saumons dans ces grandes rivières africaines…

 DSCN0883_p_cheur_en_amont_des_chutes

Après ce parc brumisé,DSCN3803_photo_de_groupe__chutes_Victoria nous avons repris la voiture pour aller voir The big tree, un baobab de près de vingt mètres de circonférence et âgé de plus de mille ans. Il est un peu isolé et deux membres de la police touristique y sont en faction, pour protéger les touristes. Les pauvres doivent bien s’ennuyer, car le lieu semble très calme…

DSCN0884_The_big_tree

Ensuite, nous sommes allés au Craft Market, le Zimbabwe étant réputé pour ses sculpteurs. Nous allons d’abord dans un marché officiel, avec des magasins bien aménagés. Les prix sont parfois intéressants, mais souvent élevés. Quelques transactions sont réalisées, surtout pour des petites statues d’animaux en bois. Devant un des magasins, je vois un vendeur d’extérieur, qui me propose rigoureusement le même hippopotame que les parents viennent d’acheter pour US$10. Le vendeur me dit : Good price ! Good price ! Je lui demande ses bons prix…qui sont de US$20… ! Je rigole donc en lui disant que, dans le magasin d’à côté, on l’a acheté pour moitié prix. Il faut toujours se méfier quand on vous parle de bon prix !

Après être sorti de cette galerie commerciale, je discute avec le gardien du parking qui me conseille d’aller au Curio shop, ce marché à ciel ouvert où tous les sculpteurs vendent leurs articles. Il me dit que la concurrence là-bas permet d’avoir de très bons prix. J’avais déjà eu une expérience dans ce genre de marché, à Okahandja, et je ne m’en étais pas sorti très glorieusement, ayant plutôt fait office de pigeon… Mais, comme on apprend toujours de ses erreurs, j’y suis allé avec la ferme intention de ne pas me faire avoir. Une chose très importante est d’y avoir l’air dégagé. Ne surtout pas montrer que l’on est très intéressé par un article. Si le vendeur veut vous vendre cette très belle statue, et que vous faites la moue, les prix vont diminuer d’eux même. Un autre conseil, ne jamais montrer combien on a d’argent, le vendeur sera toujours intéressé à ce que vous repartiez avec les souvenirs et lui avec votre argent. Mais, dans l’ensemble, les vendeurs zimbabwéens sont beaucoup moins « agressifs », quand ils veulent vous vendre quelque chose, que leurs homologues namibiens. Si on dit que l’on n’est pas intéressé et que l’on va dans l’échoppe voisine, pas de problème. On a donc pu faire de bonnes affaires… A noter que la majorité des objets que l’on a trouvés dans ce craft market, et qui sont fabriquées à l’arrière des boutiques, sont aussi vendues en Namibie à des prix beaucoup plus élevés. Par exemple, un très beau lion sculpté en pierre, acheté directement à l’artisan, m’a coûté 20€ et, si je l’avais acheté en Namibie, il m’aurait au moins coûté N$1000, c'est-à-dire 100€…

 

Puis, nous avons quitté le Zimbabwe pour retourner au Botswana. Nous avons parcouru, de nouveau, ces 80 km de route goudronnée séparant Vic Falls de Kasane. Mais nous avions omis un détail (oui, le guide n’a vraiment pas été à la hauteur dans cette histoire…), c’est que le Zimbabwe est une zone à fièvre catarrhale et à mouche du fruit. Ainsi, les produits lactés, les fruits et légumes frais, ainsi que la viande, sont soumis à stricte contrôle. Nous avions des fruits, de la viande et du fromage, le tout acheté au Botswana. Mais, ayant séjourné au Zimbabwe, ils n’ont pas eu leur visa de retour… Nous avions deux choix : ou tout laisser entre les mains de la douanière, déjà bien portante, ou bien manger le dîner l’après-midi. Ne voulant pas favoriser la prise de poids de la douanière, nous avons mangé la majorité des produits incriminés, lui laissant du biltong (viande séchée régionale), trop sec pour nos mâchoires, et quelques pommes… On jura, mais un peu tard, que l’on ne nous y prendra plus.

Nous sommes ainsi rentrés au camping, juste pour le coucher du soleil, toujours cette fameuse île de Sedudu en arrière plan.

Ce fut notre dernière nuit au Botswana. Le lendemain, est le retour au pays, par le poste frontière de Ngoma Bridge.

 

Mon bras me fait de plus en plus mal, il est très enflé et m’empêche de dormir. Mais je peux encore conduire. Je me demande bien qu’est-ce qui a pu me piquer… ?

 

 Donc, le lendemain, nous entrons dans le Caprivi. Même si on a encore dû s’arrêter, pour laisser passer un groupe d’éléphants traversant la route goudronnée menant en Namibie…

 IMG_1783_Vous_n_avez_pas_la_priorit___travers_e_pachydermique   DSCN0904_hippotrague_noir__Chobe_National_Park

La région du Caprivi forme un couloir allant jusqu’au fleuve Zambèze. La pointe étant en contact avec la Zambie et le Botswana.

DSCN3929_Habitat_traditionnel__Caprivi

On passe par Katima Mulilo et on continue jusqu’à Mazambala Island Lodge, un établissement perdu au milieu de nulle part, au creux d’une sorte de marécage. Ce Lodge est sur une île et, pour y accéder, il faut prendre un petit bateau à moteur qui vient chercher les touristes. Sensation assurée ! Mais, pour le moment, nous sommes au camping, situé sur la berge.

DSCN0909_vue_du_camping__Mazambala_Island_Lodge

Le cadre est déjà magnifique. Un arbre en fleur, au dessus de l’eau, semble attirer des petits oiseaux au vol très rapide. Mes jumelles me disent que ce sont des colibris. Ils sont très nombreux, mais il est très dur de les photographier car ils ne tiennent pas en place…

DSCN0933_Colibri_femelle__Cinnyris_mariquensis_   DSCN0939_Marico_sunbird__Cinnyris_mariquensis__m_le

Après le déjeuner, mon bras est purulent à l’emplacement de la piqûre et je le presse pour en drainer le contenu. Très mauvaise idée, une violente réaction s’ensuit et, en une heure, le bras a doublé de volume au niveau du coude…

 IMG_1893_C_est_gonflant   IMG_1894_Le_gros_bras

Je peux tout de même prendre part à la croisière, dans le parc Bwabwata. Cette croisière est totalement différente de celle faite deux jours avant. Le bateau, de petite taille, ne contient que nous, le guide pilote et un couple d’anglais. Nous serpentons au milieu des roseaux et des papyrus. On se croirait dans le bayou de Louisiane. De très nombreux oiseaux sont présents. Nous voyons un groupe d’éléphants se désaltérant dans la rivière Kwando, qui change de nom au Botswana pour s’appeler Chobe… Ce groupe a aussi un très jeune éléphanteau et la matriarche sent une menace. Elle fait mine de charger, mais, comme nous sommes sur l’eau, le groupe choisit la fuite en mettant les jeunes au milieu, sous la protection des adultes.

 DSCN0950_le_bayou_caprivien   DSCN0953_Boat_cruise__Mazambala_Island_Lodge   DSCN0960_Touffe_de_papyrus

Des troupeaux de red lechwes (Kobus leche) paissent tranquillement, tandis que de nombreux chemin sortant de l’eau indiquent la présence d’hippopotames dans ce biotope aquatique. Et on en voit même un, au loin, broutant une herbe verte et grasse. Moi qui avais été tellement déçu de ne pas en voir un seul l’an dernier, lors de mon voyage à Katima-Mulilo, ces hippopotames auront été presque comme un fil rouge au cours du voyage ; presque partout on en a vu, ou au moins entendu…

Le guide nous emmène au niveau d’un site de nidification de guêpiers carmins (Merops nubicoides). Ces oiseaux sont magnifiques et tellement nombreux. Les arbres autour des nids sont recouverts d’oiseaux, mettant des boules de couleur dans des arbres sans feuilles. Cependant, les guêpiers ne font pas leurs nids dans les arbres : ils creusent un tunnel sur la berge. Mais attention, certains prédateurs, particulièrement le varan du Nil, vont venir chercher les œufs. Ces oiseaux ont donc trouvé une parade, en creusant autant de terriers que possible, pour embrouiller les prédateurs.

 DSCN0991_Site_de_nidification__gu_piers_carmins   DSCN0996_Gu_piers_carmins__Merops_nubicoides_   DSCN4021_Southern_carmine_bee_eater

Et comme toute sunset cruise, celle-ci s’est terminée par un joli jeu de lumière, grâce au soleil de fin de journée…

 DSCN1014_Coucher_de_soleil_sur_la_rivi_re_Kwando

Et nous nous sommes même offert le luxe de dîner au lodge. Un repas simple mais bon. D’ailleurs, ce lodge a la particularité que tous les guests mangent le même dîner en même temps. Le dîner est servi à 19:30, nous a-t-on dit lorsque l’on a posé la question.

Ensuite, nous avons eu droit à une Boat-Cruise de nuit, puisque nous avons été reconduits au camping. Le copilote avait une grosse lampe torche pour chercher les animaux et voir le canal. Car, pour retrouver sa route dans ce labyrinthe de nuit, il faut bien connaître les lieux… Malheureusement, nous n’avons vu qu’un phacochère. Même si, pendant la nuit, on a entendu les hippopotames pas très loin du camping.

 

D’ailleurs, mon bras me conduit à faire une nuit blanche… Heureusement le lendemain, sur la route de Grootfontein où nous sommes attendus par les sœurs, nous traversons Rundu, la capitale de la région Kavango, qui possède un hôpital dont la réputation ne semble pas trop mauvaise. Comme toujours, dans les hôpitaux publics, tout le monde est étonné de voir un blanc, d’autant plus avec un passeport étranger… On attend longtemps, car le médecin n’est pas là. Apparemment, il est au bloc, ou chez lui. Il finit par arriver et va voir les quelques patients qui ont besoin de ses soins. Quand je parle avec lui, mon fort accent français me trahit et il me répond en français. Il est congolais. En fait, presque tous les hôpitaux publics namibiens ont au moins un médecin congolais… Omaruru et Oshikuku n’échappent d’ailleurs pas à la règle. J’ai en plus de la chance, car il  est en plus chirurgien. Il me diagnostic une infection par staphylocoque et me découpe un cercle sur le coude pour drainer l’abcès. Et, pour ces infections, des antibiotiques efficaces sont très importants. C’est d’ailleurs là que l’on voit la difficulté de l’hôpital public. Il demande à la pharmacienne trois noms de produits, qu’ils n’ont pas en stock, et me délivre finalement le 4ème sur sa liste. Quatrième choix qui s’avérera tellement peu efficace que, lorsque je l’ai montré au médecin à Omaruru, il l’a directement mis à la poubelle…

En attendant, nous sommes les témoins d’une histoire sordide. Une femme semble très énervée, car elle vient d’être amenée par la police après avoir mordu une policière. Et, dans un pays avec un taux de prévalence du SIDA si élevé, ils doivent faire un test pour vérifier que la policière n’a pas été contaminée. Je ne connais pas les raisons qui l’ont poussée à mordre, mais il semble bien que cette jeune femme avait une dent contre la police…

 

Nous arrivons finalement chez les sœurs de Mariabrönn, près de Grootfontein, avec plus de deux heures de retard sur l’horaire prévu initialement. Mariabrönn est très comparable à Waldfrieden, c’est une ferme avec une école primaire de taille similaire. La seule différence, notable, est qu’il y a une vingtaine de sœurs, novices et postulantes. C’est donc une équipe dynamique, permettant de garder le contrôle sur ce qui s’y passe beaucoup plus facilement qu’à Waldfrieden, où le management est assez squelettique…

Notre arrivée est tardive, mais l’accueil est très chaleureux. Nous partageons le repas avec les sœurs et, chance incroyable, ils ont justement la visite de jeunes d’une école secondaire du nord, qui ont d’ailleurs, pour la plupart, été scolarisés dans cette école primaire. Il y a un spectacle prévu le soir, et nous sommes évidemment invités. Au programme : chorale, petites pièces de théâtre et danses traditionnelles. Les touristes français peuvent ainsi apprécier les danses owambos et kavangos. Malheureusement, il est déjà très tard et nous allons nous coucher avant les danses damaras. Car, à presque onze heure du soir et avec une très longue route dans les jambes, on s’endort devant le spectacle…

 

Le lendemain matin, la messe est à 7:00, c’est d’ailleurs une des raisons qui m’a pousser à faire une halte là-bas. Je voulais que la famille voie une messe en Afrique, avec tous les enfants chantant et dansant, donnant une atmosphère tellement particulière aux célébrations namibiennes. Ce n’était malheureusement pas possible de le faire à Waldfrieden, faute d’un timing suffisant. Cette solution était donc la plus avantageuse. D’ailleurs, personne ne l’a regretté tellement l’accueil des sœurs a été chaleureux !

 DSCN1016_L__glise_de_Mariabr_nn   DSCN1015_Avec_les_soeurs___Mariabr_nn

Après la messe, les sœurs sont venues nous voir pour nous proposer de visiter le jardin. C’est un jardin tropical, avec des bananiers, avocatiers, cannes à sucre et autres légumes plus habituels sous nos latitudes, le tout parfaitement entretenu. Les mauvaises herbes sont rares et le résultat est honorable. Cela me fait penser à mes jardiniers qui, eux, mettent tant de temps à désherber un petit carré…

 DSCN1018_Le_jardin_de_Mariabr_nn   DSCN1023_Le_jardin_de_Mariabr_nn

Nous reprenons ensuite la route, direction Omaruru et Epako Game Lodge. Philippe et Nathalie sont ravis de rencontrer ma famille, et la réciprocité est aussi vraie. Les travaux sont terminés dans une partie du Lodge et c’est maintenant le restaurant qui est en travaux. Tout doit être terminé très bientôt et tout le monde a hâte de voir le résultat final. Il faut juste terminer les finitions, ce qui est une tâche difficile en Namibie…

DSCN4087_Epako_restaur_

L’après-midi, nous partons en game-drive, et c’est l’occasion de revoir des girafes ou autres autruches. C’est aussi l’occasion, pour certains, de voir des guépards pour la première fois, grâce aux deux femelles du Lodge. C’est aussi l’occasion de profiter d’un peu de luxe avant d’arriver à Waldfrieden. D’ailleurs, le sundowner avec sangria aura été particulièrement apprécié…

 

Le lendemain, nous arrivons à Waldfrieden. Le vieux pick-up de la ferme est au garage mais, de toute façon, je n’aurais pas pu le conduire, à cause de mon bras qui a encore empiré. Je suis donc assez frustré de ne pouvoir montrer correctement l’endroit où je vis et où je travaille. L’après-midi, il faut d’ailleurs que je les abandonne pour aller à l’hôpital pour changer le pansement. Ils en profitent pour aller visiter un peu Omaruru. L’infirmière m’emmène voir le médecin, car ce n’est pas beau à voir. J’ai donc droit à de nouveaux antibiotiques, à une dose de cheval… De retour à Waldfrieden, il faut régler tous les problèmes survenus pendant les vacances et j’ai bien peu de temps à consacrer à mes invités. Heureusement que Véronique est là et peut faire visiter l’internat et l’école. Les enfants se précipitant pour être pris en photo.

 

Le lendemain, je retourne chez le médecin, pour voir que les antibiotiques commencent à faire effet. Ouf, le bras dégonfle. Ce n’est pourtant pas trop mon genre de jouer les gros bras…

Je peux faire visiter le verger et il y a encore de très beaux pamplemousses à cueillir. Puis, en fin d’après-midi, nous traversons la rivière Omaruru, pour aller à Omaruru Game Lodge y boire un verre. Malheureusement, les rhinocéros sont plus distants que d’habitude et ne se laissent pas caresser… Mais, de toute façon, le lieu est sympathique en lui-même. D’ailleurs, ils y voient leurs premiers élans du Cap.

 

Le lendemain, c’est déjà le départ pour Windhoek. Unfortunately, dès que l’on planifie quelque chose, un grain de sable vient se glisser dans la mécanique. Un des retraités qui a des bovins sur la ferme a vendu un bœuf et l’acheteur est venu pour le tuer sur place. Avec toutes les histoires de braconnages que l’on a ici, je ne suis pas du tout en faveur de ce genre d’acte. Surtout quand celui qui vient l’acheter a un passé sulfureux. Le père m’ayant dit qu’il a trouvé son numéro de téléphone sur une scène de braconnage sur la ferme. Et, comme son business est de vendre de la viande dans un restaurant informel d’Omaruru, ce ne serait pas du tout étonnant qu’il soit en parti responsable de nos problèmes. Comme je suis mis devant le fait accompli, il est difficile de tout annuler, ce qui a le don de m’énerver. Je suis malade, fatigué et en retard, mais je lui fais tout de même comprendre que c’est la dernière fois qu’il vient faire ses nonsenses ici…

On arrive finalement à Windhoek juste à temps pour rendre la voiture. Aucun problème à déplorer et on peut visiter rapidement Windhoek. La ville est tellement petite que l’on fait le tour du centre-ville en une heure seulement.

 

Le lendemain, la famille repart ravie de son premier séjour en Afrique. Et moi, je peux rentrer à Waldfrieden pour me reposer un peu…

 

J’espère que ce récit vous a fait voyager depuis votre ordinateur…

 

A bientôt !

23 octobre 2011

Vacances en famille 1st part

Bonjour à tous,

Tout d’abord, avant de commencer à parler des vacances, je veux vous faire part d’un chiffre : 39. C’est le nombre de degrés Celsius que l’on a eu cette semaine. A l’ombre… Oui, il fait très chaud et il serait temps que la pluie arrive ! Mais, comme cette année est une année très spéciale en terme de météorologie, deux jours après, il a fait très froid le matin et certains maïs ont souffert des « brûlures » dues au froid (même si la température monte tout de même allégrement au dessus des 30°C l’après-midi…).

Après ces tergiversations sur la pluie et le beau temps, que vous savez très importante pour les agriculteurs, je vais vous faire part de belles vacances que j’ai eu la chance de passer en famille. Si vous le lisez au travail, vous allez risquer de vous faire surprendre par vos supérieurs, car c’est assez long…

Mi-septembre, j’ai eu le plaisir d’accueillir en Namibie mes parents ainsi qu’Oncle Philippe et Tante Marie-Noëlle. Un beau voyage en Namibie et au Botswana est au programme.

Nous partons de Windhoek avec un beau 4x4 de location, directions les dunes de sables de Sossusvlei, via un charmant endroit perdu au milieu de nulle part, enclavé au milieu des montagnes, appelé Barc Han Dune Retreat. Mais avant, nous traversons une petite chaîne de montagne et avons à gravir un col. Le paysage est magnifique, la vue grandiose.

DSCN0061_Col_montagnard  panorama_Col_du_SpreetshoogteSpreetshoogte Pass

Arrivés à Barc Han Dune, nous sommes accueillis très chaleureusement et pouvons caresser de charmants suricates dont l’un, vautré, faisait immédiatement penser à Timon. Mais où peut bien être son copain Pumba… ?

DSCN0071_Suricates

Nous allons ensuite faire un Farm Drive, avec notre hôte, pour aller voir ses animaux. Ici, ils n’ont pas de bétail mais des springboks, des zèbres et surtout un beau troupeau d’oryx. Comme les pluies ont été particulièrement importantes cette année, l’herbe est grande et grasse. Les oryx ont donc pu avoir un très bon taux de reproduction et de nombreux jeunes ont agrandi le troupeau.

DSCN0076_Farm_drive  DSCN0087_Oryx  DSCN0082_Oryx

De retour au lodge, nous pouvons admirer un beau contraste de couleurs sur les montagnes alentours pour le coucher du soleil.

DSCN0093_Barc_Han_Dune

Le lendemain, tôt, nous partons pour Sossusvlei découvrir ces fameuses dunes de sable rouge. Un vrai désert, presque sans végétation avec les dunes les plus hautes du monde. Nous passons par Solitaire la bien nommée, mais ne nous arrêtons pas, car la route est encore longue… Arrivés à Sesriem, c’est le début du parc et il faut prendre un permis. Après la mauvaise piste, les 60 km dans le parc sont goudronnés… Nous arrivons à un parking où l’on peut prendre une navette. Après, la route est très sablonneuse et réservée aux 4x4. J’ai bien l’intention de tester la voiture avant le Botswana. Première expérience de conduite en 4 roues motrices et sur sable très épais et mou. Presque ensablé, je me réjouis de l’option Low Range qui donne tant de puissance à ces véhicules et permet de sortir de l’ornière sans avoir à creuser… On arrive au parking de Deadvlei, cette cuvette si connue, avec ses arbres morts, qui ont été noyés il y a déjà un temps certain. La cuvette est grande, plate et entourée de hautes dunes, certaines hautes de 300 mètres. On peut escalader les dunes, mais, dès que le soleil est haut dans le ciel, la chaleur devient écrasante et le sable brûlant. Plus question alors de marcher pied nu dans le sable au risque de se brûler la plante des pieds…

DSCN2301_Sur_les_dunes_de_Sossusvlei  DSCN0110_Dead_vlei__Sossusvlei   DSCN0113_Dead_vlei

panorama_Sossusvlei

On repart, et je profite du chemin du retour, encore ces 4 kilomètres de sable mou, pour prendre mes marques. Cela passe sans problème et je suis rassuré pour les difficultés à venir… On met le cap plein est, direction le Botswana. Mais, comme les distances sont énormes, on s’arrête à mi-chemin dans un très beau camping, tranquille au milieu du Kalahari namibien. Ce n’est pas encore le désert, seulement un semi-désert, sur les dunes. La route est en forme de montagnes russes, les dunes étant perpendiculaires à la route. On grimpe les dunes par la face facile et on descend par l’à-pic. Après Kalahari Anib Lodge et son camping, nous atteignons le Botswana. Maintenant, nous entrons le Kalahari botswanais, qui n’est pas très différent du namibien pour le moment, à la différence de l’herbe qui est sur-pâturée de ce côté de la frontière. Nous arrivons à Ghanzi, une petite ville, capitale de l’élevage bovin régional. Nous y arrivons juste après la fermeture des banques et ne pouvons changer d’argent en monnaie locale. Impossible, même, de retirer d’argent, aucun distributeur de la ville n’acceptant les MasterCard… Et personne n’a de Visa dans le groupe… Nous ne pouvons donc pas faire de courses et allons jusqu’au Lodge où nous devons passer deux jours. Après la route goudronnée, nous prenons une route ou plutôt une piste sablonneuse. Cette piste, indiquée sur les cartes comme une route réservée aux véhicules 4x4, mène au Central Kalahari Game Reserve, un très grand parc botswanais et très sauvage. Je suis donc très surpris quand on découvre que cette piste traverse les fermes et il faut très régulièrement s’arrêter pour ouvrir les quelques 17 barrières de ferme jalonnant ces 60 km de piste menant au Lodge. Nous arrivons de nuit et avons le plaisir de déjà voir quelques animaux, dont des gnous, quelques zèbres ainsi qu’un magnifique koudou s’abreuvant au point d’eau du Lodge.
Notre guide du lendemain nous montre le camping, à quelques kilomètres du lodge. C’est un camping perdu au milieu de nulle part, sans électricité ni eau chaude. Très rustique, mais tellement beau. L’eau froide n’est de toute façon pas un problème avec la chaleur étouffante de la journée et l’eau du réservoir est encore tiède après cette journée torride…

Le lendemain, notre guide vient nous chercher pour une marche culturelle avec les San, ces chasseurs-cueilleurs qui ont été les premiers habitants d’Afrique Australe. Ils ont un savoir assez fascinant sur le Kalahari et connaissent toutes les plantes et leurs propriétés médicinales, nutritive ou tout autre propriété pouvant servir à la survie dans ce milieu difficile dont l’abus des ressources conduit inexorablement à leur diminution voire à leur disparition.

DSCN0206_le_groupe_San
Tout un groupe familial est venu avec nous, des enfants accrochés au dos de leur mère au patriarche, en passant par les jeunes. Beaucoup de garçons en âge d’être scolarisé et pas de fille de cette tranche d’âge. Le guide, dans un sourire, me fait part du fait que les filles doivent être plus sérieuses dans leurs études et se sauvent moins de l’école que les garçons…
Ainsi, on nous montre l’arbre qui sert de brosse à dent. Tout le clan arrache une brindille qu’ils mâchouillent, plusieurs autres arbres, se ressemblant beaucoup, ont des propriétés très différentes… Ensuite, le groupe s’arrête et on nous montre une brindille dans un arbuste. Pour n’importe qui cela ne veut rien dire, mais pour un bochiman, cela signifie qu’il y a un tubercule très riche en eau et très nutritif enfoui dans le sol. Mais, pour y avoir accès, il faut creuser un trou profond, avec un digging stick, un bâton résistant et souple coupé sur un arbre précis et redressé à la chaleur du feu, qu’ils utilisent pour creuser.

IMG_1168_d_terrage_du_tubercule

Comme cela prend près d’une demi-heure, deux femmes s’y attèlent, les hommes allument le feu. Il faut créer un échauffement en frottant deux bouts de bois les uns sur les autres. Dès que cela commence à fumer, une brassée d’herbe sèche permet à la flamme d’apparaître et le feu est démarré.

DSCN0157_Allumer_le_feu_  DSCN0159_le_briquet_San

Ils peuvent ainsi faire cuire des grains de café du bush, cueillis sur un arbre, qu’ils font griller sous la cendre. Ils nous font aussi goûter aux haricots maruna, ces sortes de haricots ronds qu’ils récoltent en fin de saison des pluies en les déterrant sous des petites plantes arbustives dont la majorité est souterraine. C’est tellement important pour eux qu’ils vont tous les ans vivre quelques semaines près de l’endroit où poussent ces plantes pérennes pour récolter et stocker des réserves. Ces deux types de graines protéiques sont très bons en plus d’être nutritives.

IMG_1174_Maruna_beans

Ah, le tubercule est maintenant déterré, il faut l’éplucher avant de le savourer. C’est doux et juteux, effectivement très riche en eau.

DSCN0179__pluchage_du_tubercule

Les San laissent des indices lorsqu’ils ont découvert quelque chose d’intéressant dont ils n’ont pas besoin pour le moment. Par exemple, s’ils trouvent un tubercule juste après en avoir déjà dégusté un, ils vont mettre un indice pour repérer l’endroit pour la prochaine fois, par exemple une brassée d’herbe sur le buisson le plus proche.

Ils nous font aussi une démonstration de tir à l’arc (pour les photos…) et nous expliquent que maintenant, depuis qu’ils vivent sur des fermes privées, ils ne peuvent presque plus chasser les grands animaux. La majorité de leurs ressources carnées provient de la trappe. Ils posent des collets pour attraper des lièvres ou autres petits animaux, ils chassent aussi les oiseaux terrestres, comme les pintades.

DSCN0184_d_mo_de_tir___l_arc

Ils fabriquent leur ficelle à partir d’une petite plante grasse très fibreuse. Il faut d’abord retirer toute la partie charnue de la feuille en tapant dessus avec un bâton, avant d’extraire les fibres. Il faut ensuite les assembler en les roulant sur la cuisse selon une technique ancestrale et très efficace, que m’avait déjà montré le père Oswald… Et, pour finir l’initiation, ils nous expliquent que les autruches sont importantes dans leur mode de vie. En effet, comme les mâles émettent un cri spécial lorsqu’ils gardent un nid, il est ainsi aisé de localiser un lieu de ponte. Ensuite, une personne va voir l’autruche qui la poursuit pour la chasser du nid et, pendant ce temps là, une autre personne, cachée, va aller chercher quelques œufs dans le nid en faisant toujours attention à en laisser quelques un, pour conserver la ressource. Ils peuvent ainsi manger l’œuf et utiliser la coquille comme une gourde. Ils ne font que deux petits trous dans la coquille pour en extraire le contenu, et après l’avoir fait nettoyer par les fourmis, ils vont le remplir d’eau à la saison des pluies avant de le boucher avec une herbe aux propriétés antibactériennes, permettant de conserver l’eau plus d’un an. Ils peuvent ainsi enterrer l’œuf dans le sol et l’utiliser en saison sèche. Une cinquantaine d’œufs peuvent ainsi être répartis sur un territoire de chasse et, si une coquille est cassée, rien n’est perdu car ils utilisent les morceaux pour confectionner des bijoux, si caractéristiques de l’art San. C’est ainsi que ce peuple a pu vivre des milliers d’années en parfaite harmonie avec la nature.

IMG_1185_gourde_San

Mais, de nos jours, très peu vivent totalement selon les méthodes ancestrales. Ils essaient, tant faire se peut, de conserver leur culture mais sont largement influencés par la culture mondiale. Ainsi, c’est assez amusant, car une femme habillée de peau de bête laisse dépasser l’étiquette de sa culotte en coton surement made in China. Le patriarche, dans cet environnement dépourvu de minerais de fer, découpe la branche d’arbre, pour réaliser son traditionnel bâton pour creuser, avec un beau canif. Et peut-être que quand les touristes ont le dos tourné, ils allument le feu avec un briquet… Mais peut-on réellement s’étonner de ces changements qui simplifient la vie courante, quand on vient à leur rencontre avec tous nos outils high-tech, tellement superflus, pour découvrir leur mode de vie simple mais naturel ?
Nous avons tout de même la chance de rencontrer un groupe encore hautement attaché à ses traditions, qui vit sur la ferme de Grassland Safari Lodge encore majoritairement selon le mode de vie traditionnel. Dans beaucoup d’endroits beaucoup plus touristiques, ces démonstrations sont uniquement le travail d’acteurs San qui ne vivent plus du tout selon la tradition. C’est un peu comme si on faisait une reconstitution de la vie dans la campagne française au moyen-âge, par des citadins accrochés toute la journée à leur I-phone…

Après la balade culturelle, nous retournons au camping en faisant un game-drive. La chaleur du mois de septembre est accablante et le guide vient nous chercher, l’après-midi, un peu en avance sur l’horaire convenu, pour que l’on puisse se reposer à l’ombre du lodge, devant le point d’eau, pour y admirer les animaux venant s’abreuver. Attention appréciée !

Nous allons ensuite voir les lions que le Lodge héberge dans un programme de sauvegarde des grands fauves de cette région du Kalahari. En effet, les fauves se sauvent du Central Kalahari Game Reserve et mangent le bétail des éleveurs et causant donc un conflit human/wildlife. Le but de ce programme est de trouver des solutions à ces conflits sans avoir à tuer les animaux causant les problèmes. Dans un premier temps, les animaux sont attrapés avant de trouver des solutions plus avantageuses. Un exemple de solution pouvant être développé est de traiter des carcasses de bétail, pour lui donner un mauvais goût et apprendre aux lions à s’en détourner et donc d’arrêter de tuer le bétail. Grâce à ce programme de sauvegarde, nous avons pu voir de magnifiques lions du Kalahari, dont la crinière noire est si caractéristique des mâles de cette région.

DSCN0225_Lion_du_Kalahari  DSCN0221_Lion_du_Kalahari

Le Lodge est aussi partenaire d’un plan de sauvegarde des lycaons, ces chiens sauvages africains, espèce hautement en danger d’extinction et encore trop souvent tuée lors des conflits humains/prédateurs. Le lodge tente de récupérer les jeunes d’une portée dont la mère a été tuée, de les élever et, avec des groupes différents a aussi réussi à avoir de la reproduction en captivité. Le programme permet aussi de relâcher certains de ces animaux dans des endroits où ils ne causent pas de problème. Ainsi, le dernier relâchage a été un succès, car les lycaons avaient déjà tué leur première proie au bout de deux jours… Grâce à ce programme, nous avons eu le plaisir de marcher avec ces animaux sociables, proches du loup dans leur comportement, mais absolument pas agressifs envers les humains.

DSCN0229_Lycaon  DSCN0236_Lycaon

Après Grassland, nous sommes partis vers Maun, la base arrière du Delta de l’Okavango. Ce trajet aura été un peu compliqué par le fait que la voiture consomme beaucoup plus que ce qui avait été annoncé chez le loueur… A plus de 120 km de Maun, la jauge d’essence s’allume. Aïe, big problem… Heureusement, nous avons le jerrican de secours, que l’on vide dans le réservoir et on roule lentement pour limiter la consommation. La seule pompe à essence du coin est à sec… Nous arrivons finalement à rejoindre la ville, après que la jauge se soit rallumée à 60 km de l’arrivée. Pour constater que la jauge s’allume quand il reste encore plus de 35 litres dans le réservoir.

A Maun, nous avons rendez-vous avec un pilote français, pour survoler le Delta de l’Okavango. Programme très alléchant, mais il faut d’abord le trouver, car on n’a ni l’adresse, ni le nom de la compagnie… Heureusement, la ville est petite et tous les pilotes se connaissent. L’un d’eux nous indique l’endroit et on peut survoler cette partie si belle de l’Afrique en fin de journée, lorsqu’il fait moins chaud et que les animaux sortent de leurs abris. Beaucoup de zones sont encore inondées, et on voit beaucoup d’éléphants, des antilopes, un hippopotame dans sa piscine, ainsi qu’un énorme troupeau de buffles, sans compter tous les oiseaux… C’est impressionnant et beau à la fois. Beaucoup de pistes finissent dans l’eau, malgré le fait que ce soit la fin de la saison sèche. Il faudra donc faire bien attention lorsque l’on sera en voiture, le lendemain. Nous avons aussi la chance d’avoir un coucher de soleil vu d’avion, dans ce cadre si grandiose qu’est le parc de Moremi.
Le vol ne dure qu’une heure, je pensais au début que ce n’était pas beaucoup, mais c’est suffisant pour voir beaucoup de choses et le bruit de l’avion ainsi que la chaleur du cockpit font que l’on est content d’atterrir…
Mais, en deux jours, le semaine dernière, il y a eu deux crashs d’avion de tourisme par des compagnies basées à Maun. Et dans les deux cas, des touristes français étaient à bord…

DSCN0245_Le_cessna  DSCN0262_Moremi_vu_du_ciel  DSCN0277_coucher_de_soleil_a_rien

Le soir, nous allons camper à Audi Camp, un camping peuplé mais propre. C’est l’occasion de pouvoir recharger les batteries avant le parc de Moremi, où nous devrons être totalement indépendants. D’ailleurs, si on a un problème de voiture, l’assurance ne nous couvrira ni dans le parc de Moremi ni dans celui de Chobe, et l’assistance ne viendra pas nous dépanner. De toute façon, on n’a pas de téléphone portable botswanais…

Donc, en ce samedi matin, nous voila fin prêts, avec le plein d’essence et deux jerricans. Oui, on n’est jamais trop prudent et dans ces cas là, il vaut mieux avoir trop que pas assez. Sinon, il faut réussir à se faire tracter par un éléphant, nombreux dans cette région de l’Afrique, mais ce n’est pas gagné d’avance…

DSCN0304__l_phant

A l’entrée du parc, les rangers nous expliquent les conditions de circulation, difficiles car beaucoup de pistes sont encore inondées et les plus belles routes ne sont pas accessibles, les voitures devant faire des détours loin des points d’eau, donc loin des animaux. Ce jour là, nous allons à Third Bridge, le camping que l’on a réservé pour la nuit. Seulement 50 km séparent ce 3ème pont de l’entrée du parc, mais il faut compter beaucoup de temps, car la route est difficile et il faut très souvent s’arrêter pour regarder les animaux ou laisser passer un troupeau d’éléphants. La conduite sur pistes de sable ralentit aussi considérablement. Nous pique-niquons près d’un très joli point d’eau où l’on prend même le risque de sortir de la voiture (on a bien regardé, il n’y avait ni lion ni croco…).

DSCN2609_pause_d_jeuner_Moremi__O  DSCN2608_Pause_d_jeuner_Moremi__avec_les_parents  DSCN0315_Xini_Lagoon

Ensuite, nous traversons le premier pont, un pont de bois que l’on voit à peine dépasser de l’eau et que l’on espère assez solide pour supporter le poids de la voiture, chargée à bloc. Ensuite, le deuxième pont étant en réparation (a-t-il cédé sous le poids d’un touriste malchanceux… ?), on doit faire un détour pour contourner la rivière. De très nombreuses antilopes sont sur le bord de la route, regardant avec curiosité ces humains enfermés dans cette boîte métallique.

DSCN0345_First_bridge  IMG_1292_troupeau_d_impalas

Régulièrement, la piste est très sablonneuse et il faut passer en 4x4 pour repartir. Ah, ici il y a un troupeau d’éléphants qui traverse la route et il y a des petits dans le groupe. La matriarche se met en position de défense, remue les oreilles, lève la trompe et tape du pied. Malheur à l’imprudent qui continuerait dans sa direction, son voyage pourrait s’arrêter là…

Nous arrivons finalement au camping sans problème et nous découvrons un lieu sauvage et magnifique. Notre emplacement est situé à l’ombre d’un énorme arbre à saucisses (Kigelia africana), près d’un point d’eau que l’on devine plus qu’on ne voit, dû aux joncs nombreux créant une palissade. Le confort est rustique, mais suffisant… Le camping est situé près du 3ème pont, d’où son nom de Third Bridge Campsite. Nous allons y faire un tour mais les rangers nous disent que c’est dangereux, car il peut y avoir des crocodiles ou des lions cachés derrière les buissons.

DSCN2800_Le_3_me_pont  DSCN2794_Campement_Third_Bridge__arbre___saucisses

Nous retournons donc au camping et Papa allume un feu pour le barbecue en se servant d’un tas de feuilles sèches pour le faire démarrer. Quelle n’a pas été sa surprise quand il a vu un scorpion sortir du tas de feuille. Un Uroplectes vittatus qui, d’après la littérature, est souvent responsable de piqûres quand les personnes ramassent du bois… Mais, même si la piqûre est douloureuse et que le venin est puissant, la vie humaine n’est normalement pas menacée par ce type de scorpion.

DSCN0381_Uroplectes_vittatus

Nous faisons cuire la viande et laissons un feu allumé pour la nuit, pour éviter que les animaux sauvages ne viennent trop près de nos tentes. Au lever du jour, nous sommes réveillés par le cri matinal des hippopotames.

Un guide avec qui je discute un peu plus tard me dit qu’un beau lion a traversé le camp pendant la nuit. Il l’a vu quand il buvait un thé le soir et la lampe torche dans les yeux l’a éloigné. Il est ensuite venu dans la direction de notre campement. Mais, comme nous étions déjà couchés, nous ne l’avons pas vu…

Ensuite, nous allons vers le camping de North Gate. Nous traversons le 4ème pont, qui est tout neuf, et on voit notre premier crocodile du voyage.

DSCN0384_Crocodile___Fourth_Bridge  IMG_1375_Le_4_me_pont

Mais, nous devons encore une fois éviter la route intéressante, qui est inondée. Nous prenons une route très sablonneuse intitulée la dry road, dans les forêts de mopanes.

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Nous arrivons pour le déjeuner au camping et en profitons pour aller sur le pont de la rivière Khwai. L’ancien pont est effondrée (non, ce n’est pas celui de la guerre de 40…) et un beau pont tout neuf s’offre aux automobilistes et aux hordes de babouins, qui viennent profiter de ce paradis alimentaire qu’est la poubelle du touriste.

IMG_1387_le_pont_de_la_rivi_re_Khwai  

Lorsque la chaleur commence à diminuer, nous allons voir un point d’eau appelé Dombo Hippo Pools, surmonté d’un promontoire pour pouvoir observer plus facilement ce paradis pour hippopotames. Et, effectivement, beaucoup d’hippos sont dans cette piscine, d’autres sont sur la berge. Beaucoup d’oiseaux sont aussi de la partie.

DSCN0402_Dombo_Hippo_Pools__hippo_sur_la_berge  DSCN0396_Dombo_Hippo_Pools

Lorsque nous repartons, de nombreuses antilopes sont de chaque côté de la route et on a même la chance de voir des lionnes près d’une carcasse de giraffe. Avec deux hooded vultures (Necrosyrtes monachus) aussi à la fête, attirés par l’odeur fétide de la charogne.

DSCN0411_Lionne___Moremi  DSCN0409_Hooded_vulture 
De nombreux Red Lechwe, ces antilopes communes près des points d’eau, sont maintenant dans les prairies près de l’eau, la chaleur devenant plus supportable.

DSCN0407_Red_Lechwe

Le soir, dans ce camping sauvage au milieu de la nature, les animaux rodent autour des emplacements. Malheureusement, on ne voit pas de hyènes, surement parce que l’on ne fait pas de barbecue… Mais, à 4h du matin, tout le monde est réveillé par des craquements d’arbre. Tout un groupe d’éléphant a décidé de manger les arbres autour de notre emplacement. Et on se demande toujours si la tente n’est pas sur leur passage… Mais non, tout est encore en place au petit matin, même s’ils ne sont vraiment pas passés loin. Autour de la tente, il y a aussi beaucoup d’empreintes différentes, allant de la petite antilope à l’hyène, en passant par le chacal. D’ailleurs, les antilopes (des impalas) sont encore dans le camping, près des toilettes. C’est ainsi difficile de passer une bonne nuit reposante, car il y a tout le temps des animaux qui frôlent la tente, et on ne sait pas quel type… !

Maintenant, on sait reconnaître lorsqu’il y a des éléphants vivat dans une forêt, car beaucoup d’arbres sont cassés et grignotés, d’autres ont l’écorce arrachée. Dans tous les cas, la strate arbustive a souffert du passage des pachydermes…

IMG_1439_d_g_t_d__l_phant_sur_les_arbres

Le matin, nous allons faire un game drive à l’est du camping, mais l’on ne voit pas grand-chose, nous sommes surement partis un peu tard. A certains endroits, la piste est inondée et il faut sortir de la voiture pour vérifier que la route est encore praticable. Le risque, sinon, est de rester embourbé au milieu de nulle part… Mais, la voiture passe sans problème et l’on peut revenir tranquillement au camping.

DSCN0339_Tsessebe
Pendant la journée, il y a très peu de monde dans le camping, et c’est le royaume des singes. Les petits Vervet Monkeys viennent d’abord. Ils recherchent la nourriture oubliée par les touristes ou une poubelle mal fermée. Ensuite, les babouins traversent le pont et arrivent dans le camping. Beaucoup plus grands et agressifs que les autres singes, ils ont tôt fait de les faire fuir.

DSCN0426_Vervet_monkey_devant_le_pont_de_la_rivi_re_KhwaiVervet monkeys in front of Khwai river bridge

Le soir, les éléphants viennent se baigner dans la rivière et le pont est le parfait endroit pour les observer. Mais, aucun crocodile en vu… Ce bord de rivière est aussi un paradis pour ornithologue, toute sorte d’oiseaux venant dans le camping ou se laisse relativement approcher le long de l’eau.

IMG_1389_Les__l_phants_et_l_ancien_pont_de_la_rivi_re_Khwai  DSCN0390_rivi_re_Khwai

Le soir, sur le conseil des rangers, nous laissons une lampe allumée au milieu du campement, pour éloigner les animaux, et c’est vrai que les éléphants ne sont pas venus aussi près que la veille… Mais l’on est réveillé bien avant l’aube, car nous devons être partis à 6h du matin, pour la grande traversée qui doit nous conduire le soir à Chobe.

Mais c’est là que s’arrête la première partie de ce récit…

 

12 octobre 2011

Quelques nouvelles... plus tres fraiches

Cette année a eu lieu un concours de « mode » pour les grades 7 de l’école. C’était intitulé :

Miss and Mister Waldfrieden Primary School

 

Les organisateurs de l’évènement m’ont même fait l’honneur de me choisir pour faire partie du jury. C’était amusant et on devait mettre des notes suivant des critères pré-établis.

 

Quelques photos de l’événement :

 

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And the winner is.............

 

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J’ai aussi vendu toutes mes chèvres et moutons avant de partir en vacances. Plusieurs raisons m’ont poussé à cette fin.

Tout d’abord, la voisine voulait que la ferme de Waldfrieden paye les réparations de la clôture pour laquelle elle n’avait pas voulu débourser un centime. En effet, cette clôture, remise en état par la mission, laissant passer les chèvres à quelques endroits, elle a retiré les chèvres de sa terre pour nous menacer de nous mettre en justice. J’étais sûr qu’elle allait les ramener dès que tout serait réparé et je ne voulais pas lui donner raison… D’ailleurs, elle a déjà ramené ses chèvres chez elle et s’occupe maintenant de faire les réparations de la clôture mitoyenne… !

D’autre part, les chèvres et moutons avaient la fâcheuse habitude de disparaître. Les chacals étaient bien voraces dans le coin, et je vous avais déjà fait part du fait que les chacals n’utilisent pas de couteaux. J’étais sûr que mes gars étaient liés à la disparition de ces animaux.

 

Donc, tout a été vendu aux enchères. Cela m’a fait un peu mal au cœur car c’était de beaux animaux, mais il a bien fallu m’y résoudre. Le camion est venu les chercher et on a dû charger dans la poussière du kraal et sous une chaleur accablante 150 animaux, qu’il a fallu attraper puis soulever pour mettre dans le camion. A 40 kg l’animal en moyenne, avec le bouc à 90 kg. Je peux vous dire que la matinée a été fatigante. D’autant que ce même jour, on a tué un taureau pour l’internat qui faisait 440 kg de carcasse…

 

DSCN10048_Omaruru_Auction  DSCN10054_Omaruru_Auction

Les encheres peuvent monter... en afrikaans!

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Et, lorsque je suis rentré de vacances, on m’a fait part d’une affaire de braconnage sur la ferme. 3 oryx ont été tués sur la ferme et lorsque les voleurs ont chargé la viande dans une voiture, cette dernière est tombée en panne et les gars ont été arrêtés. Un de mes ouvrier serait celui ayant fourni la viande, donc le braconnier. Et c’est celui qui s’occupait des chèvres. Il n’aura donc pas été long à trouver une autre voie rémunératrice… Mais, là il s’est fait arrêter, pour être relâché le lendemain pour N$300 de caution. Autant dire pour rien, sachant qu’ils ont été arrêtés avec 70 kg de viande séché.

 

Voila, quand j’aurai le temps, je vous raconterai mes vacances…

 

23 août 2011

Veld fire, again...

Bonjour à tous,

Décidément, c’est la loi des séries. La dernière fois, je vous avais fait part d’un incendie, surement d’origine criminelle, derrière l’internat et ensuite, dans la journée, j’étais allé aider un fermier proche de Waldfrieden ayant un feu de brousse.
Dimanche dernier, c’est un incendie sur la décharge de la Mission qui a éclaté le matin. Un gars qui vit à Waldfrieden, alors qu’il n’a rien à y faire, et fabrique des paniers qu’il vend ensuite à Omaruru en a été la cause. Je lui avais déjà dit qu’il ne devait pas rester à Waldfrieden car il avait déjà causé des problèmes dans le passé, après avoir trop bu. Cette fois, il a fait brûler un pneu pour récupérer la structure métallique qu’il utilise pour ses paniers. Le feu a été vite maîtrisé et les dégâts minimes, mais, là encore, la catastrophe a été évitée de justesse… Je l’ai donc emmené au commissariat pour faire une main-courante et éviter qu’il ne revienne sur la Mission… Trop de personnes vivent à Waldfrieden alors qu’elles n’ont pas à y rester, créant un climat malsain et les complaintes des voisins sur ces personnes ne travaillant pas et vivant de diverses rapines, à commencer par le braconnage.

Après être revenu à Waldfrieden, je reçois un texto d’une de mes ouvrières me disant qu’il y a un feu de brousse pas loin. Je vais voir et, effectivement, un gros nuage de fumée est visible dans le ciel bleu azur. Je vais donc à la limite de la ferme où je vois que ce n’est pas sur Waldfrieden. Ouf… Mais c’est très proche et je téléphone au voisin qui me dit que c’est sur sa ferme et sur la ferme voisine (là où il y a déjà eu le feu en début de semaine).
Je rameute donc tout le monde disponible et l’on va aider le voisin. C’est ainsi la première fois que je vais sur sa ferme…
Et dimanche, j’ai pris des photos pour que vous puissiez voir un peu à quoi ressemble un feu de brousse. La suite en image :

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Le dimanche, jour de repos, aura donc été assez fatigant puisque nous sommes finalement rentrés à 20:30 à la Mission…

Moralité : un feu à Waldfrieden en appelle un autre chez un voisin.

D’ailleurs, l’origine de ces feux est généralement due aux braconniers. Je ne sais pas s’ils l’allument accidentellement lorsqu’ils font leur barbecue ou s’ils le font exprès, mais le fait est qu’en une semaine, il y a eu presque tous les jours des feux dans la région d’Omaruru.

Et hier, changement de registre, il a plu. C’est exceptionnellement tôt pour la saison. Mais seulement 0,5mm. Il faudrait une bonne pluie pour stopper la saison des feux de brousse…

Pour finir sur une touche moins sérieuse, saurez-vous combien il y a de damans du Cap sur cette photo prise sur les collines de la ferme ?

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Et bien sûr, joyeux anniversaire Loïc. Trente ans, ça se fête !!!

 

15 août 2011

About Waldfrieden

Bonjour à tous,

Aucun message n’a été mis sur le blog depuis un mois, je vais donc essayer de vous faire partager un mois à Waldfrieden.

Les bovins sont maintenant presque tous revenus dans la petite partie de la ferme du côté de la mission. Très peu manquent à l’appel. Nous avons donc procédé aux vaccinations et à la mise en place des nouvelles bagues aux oreilles. En effet, il y a maintenant un système de double bague aux oreilles, pour le bétail. Une bague visuelle et une électronique. Ce système doit permettre une traçabilité optimale, nécessité absolue pour que le bétail namibien ait accès au lucratif marché européen. Tout devait être terminé pour le 2 août pour pouvoir réclamer les subventions et j’ai rendu les papiers le 1er août… Ouf, dans les temps !

767_DSCN9500_Nouvelles_baguesCIMG6871_vaccinations

Donc, maintenant, tous les numéros des bovins sont changés. Et il va falloir mémoriser les nouveaux… J’ai aussi décidé de prendre en photos tous les bovins de la ferme, comme cela, si un est manquant, on peut voir avec précision lequel. C’est aussi une façon d’éviter que les ouvriers de la ferme ne s’approprient du bétail de manière indue. En effet, lorsque l’on prend en photo un veau tétant sa mère qui appartient à la mission, il est difficile de se l’approprier par la suite !

Juillet a marqué le début des naissances hivernales des veaux. Hier matin, en me promenant dans le bush, j’ai même vu un petit qui a dû naître la veille. En effet, il était encore caché par sa mère. Ici, je ne sais pas si les vaches ont le même comportement en France, les vaches ont un comportement d’animaux sauvages. En effet, le veau est caché les quelques premiers jours de sa vie, pour le protéger contre les prédateurs jusqu’à ce qu’il soit assez grand pour pouvoir suivre sa mère dans ses déplacements. Mais il est encore, à ce stade, suffisamment petit pour pouvoir tomber sous la dent du léopard. Admirez la taille de ces crocs…!

DSCN9738_L_opard

Depuis quelques temps déjà, les serpents ont fini leur hibernation. C’est en fait très tôt, par rapport à d’habitude. Et les puff adders, Bitis arietans, sont très nombreuses autour de la mission et dans la mission elle-même. Régulièrement, je reçois le rapport des enfants me disant qu’une a été vue près d’un internat ou dans le verger. Un dimanche, après la messe, une de mes employées vient me voir pour me dire qu’il y a un très gros serpent près de la guest-house. En effet, on voit la trace laissée par le serpent dans le sable. Elle me montre même le buisson sous lequel le serpent doit se trouver, puisque la trace y entre mais n’en ressort pas… Et, en scrutant ce dit buisson, effectivement, je vois une énorme puff adder en train de dormir, tranquillement lovée.

DSCN9288_puff_adder_dormant

Bien que je n’essaye surtout pas de tuer ces serpents dans le bush, il m’est revenu la tâche d’occire ce serpent mortel, trop près de l’école et des enfants. Je ne voulais aussi pas trop l’abîmer, car je voulais récupérer la peau. Lorsqu’un serpent m’est ramené après avoir été tué par des enfants ou des personnes de la ferme, il est généralement bien abîmé… Et oui, il faut être sûr qu’il soit bien mort ! D’autant que les muscles continuent à bouger un peu après leur mort…

CIMG4892_la_puff_adder__centre_d_int_r_t_des_enfants  CIMG4890_Les_crochets_de_la_puff_adder

Une fois le serpent mort, une nuée d’enfant a voulu le voir et le toucher, mais attention, le venin peut encore être dangereux. Les crochets impressionnants sont encore reliés à la glande à venin.

Le mois dernier, j’ai aussi dû m’improviser vétérinaire. En allant inspecter le kraal des chèvres, une d’elle ne se levait pas. Elle était toute gonflée. J’ai tout de suite pensé à la météorisation, phénomène dû à une alimentation trop fraîche qui empêche le gaz de s’échapper du rumen. Mais, pour moi, la seule solution que je connaissais était le trocart, ce tube creux que l’on enfonce dans le côté de la bête et qui évacue l’air. Sauf que, même si l’on réussit son coup, il faut ensuite recoudre la paroi du rumen pour éviter qu’il ne se déverse dans le corps de l’animal, produisant une péritonite et souvent la mort de l’animal. J’ai donc fait une recherche et j’ai découvert qu’en faisant avaler de l’huile, cela permettait de libérer l’air. Je suis donc retourné voir cette chèvre et je lui ai fait boire de l’huile à l’aide d’une seringue. Après quelques minutes, elle a commencé à éructer. Et le lendemain, elle était de nouveau d’aplomb.

DSCN9634_Bloated_goat

En début de semaine dernière, Marie-Emilie, la fille de Véro est venue avec trois amis à Waldfrieden. Cela a été pour eux l’occasion d’interférer un peu avec les vrais africains. Car, c’est souvent ce que l’on entend, lorsque l’on est en vacances, il est très difficile de parler à la population. En effet, le touriste est perçu comme un distributeur et la relation est totalement biaisée. Au contraire, lorsque l’on rend visite à quelqu’un, les gens voient alors le visiteur non pas comme une personne que l’on voudrait alléger de quelques dollars, mais comme un invité, un hôte et la relation est beaucoup plus sympathique. Cela a été l’occasion aussi de traverser la rivière Omaruru pour aller boire un vert à Omaruru Game Lodge, où les rhinocéros ont pu être caressés.

CIMG6674_Au_milieu_de_la_rivi_re  CIMG6764_C_est_doux

Sur la ballade dans la ferme, un énorme Snouted Cobra, Naja annulifera, a traversé devant la voiture. Et j’ai dû piler pour ne pas l’écraser, la voiture s’arrétant à moins de 10 cm de son corps. Il a ensuite filé dans le plus proche buisson pour se mettre à l’abri. Saurez-vous le voir sur cette photo ?

CIMG7119_Snouted_Cobra

NamPower, le distributeur d’électricité namibien, a décidé de nettoyer sous la ligne à haute-tension au bulldozer. Ils ont terminé et maintenant, les pintades gambadent sur le terrain nouvellement nettoyé, à la recherche de graines et autres choses à manger. Je sais donc où les trouver…

CIMG7150_Ligne___haute_tension_nettoy_e  DSCN9676_Les_pintade_le_long_de_la_ligne___haute_tension  CIMG7142_A_la_chasse___la_pintade

CIMG6908_V_ro_et_sa_filleVous pouvez aussi remarquer la certaine ressemblance entre Véro et sa fille…

Anne, l’une des filles du groupe, a aussi voulu traire une vache. Elle y est arrivée plutôt pas mal, mais manque l’habitude pour avoir un débit suffisant. Car c’est vraiment très fatigant pour les avant-bras, lorsque la musculature adéquate ne s’est pas encore développée !

CIMG7221_Anne___la_traite

Cette année, avec la pluie exceptionnelle que l’on a reçue, l’herbe est très dense. Et qui dit herbe dense, dit risque d’incendie… Cette année, on voit au moins une fois par semaine un gros nuage de fumée, plus ou moins loin de la ferme. Et lorsque l’on roule, on voit très régulièrement le feu qui est venu s’arrêter le long de la route. Il y a trois jours, un très gros incendie a éclaté sur la route qui mène à Waldfrieden. Les flammes étaient très hautes dans le ciel.

DSCN9779_veld_fire

Hier, en me promenant sur la ferme, je suis arrivé sur l’autruche de la ferme. Qui n’est pas très farouche. Et, lorsque je suis arrivé à côté, elle s’est couchée en claquant du bec de manière assez frénétique. Cela m’a paru surprenant et amusant. Me disant que si elle faisait cela avec les prédateurs, elle ne ferait pas de vieux os… Puis, je me suis rendu compte qu’elle me suivait partout, à une distance respectable, mais que dès qu’elle me perdait de vue, elle accélérait pour garder le contact visuel. Et, encore une fois, dès que je m’approchais à moins de cinq mètres, elle se couchait en claquant du bec et se relevait quand je m’éloignais. Je crois que cette autruche célibataire (le mâle a été tué il y a quelques années car il était très agressif envers les humains) se sentait un peu seule…

DSCN9804  DSCN9798_Elle_fait_la_belle  DSCN9801

Emilie, une des volontaires d’Oshikuku, est venue passer le week-end à Waldfrieden avec sa famille de France. Cela a été l’occasion, pour ses petites nièces, de jouer avec les enfants de l’école. Je leur ai aussi fait faire un petit tour de la ferme, à l’arrière du vieux bakkie. Une sorte de game-drive moins confortable et avec moins d’animaux que dans les lodges. Mais, ils ont été ravis et ont d’ailleurs eu plus de chance que pour le groupe de la fille de Véro, car il n’y a pas eu de crevaison…

Promenade_sur_la_ferme

En fait, je crois que ce qui impressionne le plus les gens sur la ferme, c’est que la voiture ne reste pas bloquée lorsque l’on arrive sur un rocher qui paraît bien trop haut pour la petite voiture qui les transporte. Mais, attention à ne pas se faire attraper par une branche d’épineux, sinon, griffure assurée.

Ce matin, je me suis fait réveiller à 4h du matin. « Yves, there is a fire behind the Boys’ Hostel! » Autant vous dire que le réveil a été brutal et un peu stressant. Lorsque je suis arrivé sur place, les flammes étaient déjà hautes dans le ciel nocturne. J’ai couru appeler les pompiers, mais le numéro de portable écrit dans l’annuaire, pour les horaires de nuit, n’était pas attribué… Le numéro de jour ne répondant évidemment pas à cette heure nocturne. Heureusement, un des profs hébergeait deux membres de sa famille pour le week-end, qui ont l’habitude d’éteindre des feux. Ils ont organisé une chaîne de seaux d’eau, un peu comme dans les westerns, et lorsque je suis revenu, ils avaient déjà commencé à maîtriser le feu. Mais on a ensuite mis une bonne heure à arroser toutes les braises, menaçant de faire redémarrer l’incendie.

DSCN9825_apr_s_l_incendie__l_internat_en_arri_re_plan  DSCN9827_apr_s_l_incendie__les_locations_en_arri_re_plan

Puis, les enfants sont venus me dire qu’hier soir quelqu’un de totalement saoul, d’une ferme voisine, était venu frapper au carreau de l’internat et les avait menacés. Il se pourrait qu’il ait ensuite déclencher l’incendie pour essayer de faire brûler le bâtiment… Mais ce ne sont là que des suppositions et le cas est maintenant entre les mains de la police, qui va interroger ce suspect. Ou peut-être, simplement, un imprudent aurait jeté un mégot de cigarette à 4h du matin…

DSCN9833_La_famille_Salliot_apr_s_l_incendie

En milieu d’après-midi, le père Oswald vient me trouver pour me dire qu’il y a un feu de brousse pas loin. Peut-être à l’extrémité de la ferme ou chez le voisin. En stress, j’essai de me dépêcher d’aller voir. Mais avec le matériel pourri de la ferme, j’ai perdu 20 minutes à essayer de regonfler un pneu que je croyais être une crevaison lente et que j’ai ensuite dû changer. J’arrive finalement à l’extrémité de la ferme, et je constate que le feu est plus loin, mais en étant très près. Je téléphone au voisin qui me dit que c’est sur la ferme après la sienne que le feu fait rage. Je retourne donc à la Mission pour récupérer les ouvriers disponibles et on y va à trois. C’est là que l’on voit toute la force de la solidarité. Cinq véhicules équipés de motopompe à incendie et entre 20 et 30 ouvriers sur le terrain pour essayer de venir à bout de cette calamité. Cela me permet de voir des fermiers que je n’avais encore jamais vus… Finalement, l’incendie est maîtrisé vers 17h30 et on rentre à Waldfrieden. La journée aura été pour le moins très fatigante ! Par contre, même si j’ai eu un double baptême du feu, je n’ai malheureusement pris aucune photo… En effet, étant dans le feu de l’action, je n’en ai pas eu l’occasion.

Comment se combat un feu ici : d’abord, c’est mieux s’il n’y a pas trop de vent. Et c’était aujourd’hui le cas… Ensuite, les hommes sur le terrain ont des espèces de tape-mouches en caoutchouc qui servent à écraser les flammes qui, avec le souffle, s’éteignent. Mais, si le feu est trop grand, cela rejette des flammèches qui accélèrent l’incendie. Une motopompe peut être en renfort pour limiter la propagation. Mais, ce n’est pas toujours nécessaire, car un front de plus de cent mètres de large a été arrêté uniquement avec ces tue-mouche géants… Les hommes se relayant, au plus près du feu, pour éviter de trop s’essouffler et d’avoir le visage trop brûlé…

Pour finir sur une note positive, DSCN9700_Epako__Oscar_la_giraffe une photo d’Oscar la girafe, qui mange les plates-bandes d’Epako…

DSCN9721_Gnous___EpakoUn groupe de gnous se rendant au point d’eau à Epako.

Et des oiseaux mangeant les fleurs d’aloès à Waldfrieden : DSCN9278_bulbul_sur_alo__veraun bulbul, Pycnonotus nigricans

DSCN9286_Turaco_sur_alo__veraQuatre grey-Go-Away bird (Lourie), Corythaixoides concolor, faisant ployer les branches fragiles de cette plante arbustive…

Voila pour les dernières news… A une prochaine.

16 juillet 2011

Une semaine à la ferme

Bonjour à tous,

 

Comme je parle souvent de ce que je fais en dehors du travail, les week-ends, les visites and so on, j’ai donc décidé de parler de ce qui a été fait sur la ferme cette semaine.

 

Le 14 juillet aura été un jour comme un autre… Au travail ! Nous n’avons même pas pu aller à la garden party au FNCC (le centre culturel franco-namibien) organisé par l’ambassade de France. En effet, nous n’y avons pas été conviés, car restrictions budgétaires obligent, c’était cette année une cérémonie très sélective et seuls les officiels y étaient invités… Adieu e buffet de l’ambassadeur et la rencontre des français de Namibie.

 

Mais revenons à nos moutons, ou plutôt à nos bovins. Cette année, comme vous le savez, a été très pluvieuse et les points d’eau ont été bien approvisionnés. Il va maintenant falloir que l’on ramène tout le troupeau dans la petite partie de la ferme, du côté de la mission, où l’on peut les manipuler, pour les vacciner et changer les bagues aux oreilles (qui sont maintenant électroniques pour avoir un système de traçabilité), etc. Je suis donc allé tous les jours voir les bovins aux points d’eau, pour faire l’appel. En même temps, je vérifie s’il n’y a pas de problèmes.

DSCN9177

 Le réservoir «naturel » principal, appelé ici le Pan, était presque vide. Il faut donc maintenant pomper l’eau de la ferme jusqu’à un abreuvoir situé entre 2 et 3 km de la mission. L’année dernière, il fallait réparer le tuyau presque chaque jour à cause de fuites, ce qui était fatigant, qui coûtait une fortune en eau gaspillée et posait des problèmes pour les bovins. Nous avons donc décidé de prendre le taureau par les cornes et avons changé un tronçon d’un peu moins de 100 mètres de long. Mais, pour éviter les mêmes problèmes que par le passé, nous avons décidé de l’enterrer plus profond, afin d’éviter que les phacochères et autres porc-épic ne percent le tuyau pour avoir accès à ce précieux liquide. Cela a donc été un travail assez fatigant, de creuser une tranchée de 30 cm de profondeur dans un terrain caillouteux. Pelle, pioche et barre-à-mine ainsi que beaucoup d’huile de coude et un certain mal de dos le lendemain matin…

DSCN9199  DSCN9200 

DSCN9217Les oiseaux viennent boire à l'ancian tuyau

DSCN9218La tranchée est prete

 

Une fois que la jonction a été faite, le débit à l’abreuvoir a été amélioré. Et le timing a été parfait car on a fini hier et aujourd’hui tous les bovins sont arrivés à l’abreuvoir, car le Pan  était à sec… Sur le tronçon changé, j’ai compté plus de 40 endroits où le tuyau avait été coupé ou réparé, et plusieurs fuites étaient passée inaperçues, car l’eau s’infiltrait directement, sans poindre à la surface. C’est ainsi que des arbres étaient bien irrigués et poussait bien mieux que leurs congénères à 100 mètres de là…

DSCN9202 DSCN9203 Les réparations...

DSCN9233   DSCN9234  Voila, c'est terminé, pour trouver l'eau, il faut suivre les cailloux... 

Pour que vous ayez une idée de ce qu’est réellement le Pan, voici un aperçu de photos prises de la digue au cours de la saison des pluies et ensuite. C’est là que l’on se rend compte de sa taille !

Sur la première photo, on voit la digue et on voit le niveau maximal atteint par l’eau (avec la ligne d'absence de végétation). Le dénivelé est d’environ 2 mètres…

 

DSCN9197

 

2010-27-11 DSCN7685 The Pan  2011-01-08 DSCN8104  2011-01-30 DSCN8271 Waldfrieden Pan à son niveau maximal  2011-02-27 DSCN8401  2011-06-03 DSCN8881  2011-07-11 DSCN9193  2011-07-13 DSCN9231   2011-07-14 DSCN9238 

 

Depuis quelques semaines, mes ouvriers me disent que les chacals tuent des moutons, mais lorsque je veux voir la dépouille, elle a en général disparu, et ne reste que quelques restes d’intestins… Ce qui m’énerve au plus haut point, car les chacals ne s’attaquent généralement pas aux animaux adultes. Cette semaine, mon chevrier me dit qu’un chacal a encore sévi. On y va tout de suite et, cette fois, ils ont mis les restes dans un arbre, pour être sûr que cela ne disparaisse pas. Un chevreau éventré, que je confirme comme étant l’œuvre des chacals, et un mouton adulte. Du très beau travail, il ne reste plus de viande sur la carcasse et l’animal est parfaitement dépiauté. Les chacals ont des couteaux bien affutés, car il n’y a pas une trace de dent dans la peau… Donc, conclusion, soit mes ouvriers sont bien naïfs et croient effectivement que le chacal est derrière tout ça, soit on veut me faire croire des choses. Et je pencherais plutôt pour la deuxième solution. J’essai donc de leur expliquer que c’est avec ces chèvres et ces moutons que je trouve l’argent pour leur payer leur salaire, et que si tout se fait voler, il n’y a plus d’argent. Mais, s’ils sont impliqués dans ces sombres affaires, peut-être touchent-ils plus que leur salaire dans la revente de la viande. Et il est bien difficile de savoir réellement ce qui se passe dans le kraal des chèvres et moutons, car il est situé à un kilomètre et demi de la mission…

DSCN9227Chevreau de un jour

DSCN9220  DSCN9224 Mouton dépecé par un chacal... 

 

Mais, les bovins, eux, se portent plutôt bien. J’espère qu’il n’y a pas trop de braconnage, car il y a tout de même près de 20 bovins manquant à l’appel. La difficulté étant de savoir s’ils ont été volés/tués ou s’ils sont tout simplement sur la ferme, buvant lorsque je ne suis pas là et repartant tout de suite. Car certains animaux, que je cherchais depuis 15 jours, apparaissent de temps à autre. Par exemple, aujourd’hui, 5 vaches que je n’avais pas vues depuis longtemps ruminaient tranquillement au point d’eau. Et chercher 20 vaches sur 50 km², autant chercher une aiguille dans une botte de foin… Cette expression fait une très bonne transition pour mon sujet suivant !

 

Cette semaine, on a aussi rentré les foins. En fait, comme l’on est en saison sèche et que le risque de pluie est quasi nul, on ne rentre pas les foins (il n’y a d’ailleurs pas de bâtiment pouvant faire usage de lieu de stockage), on se contente de les mettre en botte, près du kraal. Cette histoire aurait pu être un très gros problème, mais tout s’est bien terminé… En effet, nous avons réussi à réparer la faucheuse et, comme il y a beaucoup d’herbe sur les chemins de la ferme (qui causent en plus des problèmes avec les graines qui vont dans le radiateur de la voiture et font surchauffer le moteur), j’avais eu l’idée de la faucher pour faire une réserve de foins, pour nourrir les vaches laitières en fin de saison sèche, et ainsi pouvoir faire la jonction jusqu’à la prochaine saison des pluies. Mais voila, rien ne se passe jamais comme on le voudrait. Et les chemins ayant été mal entretenus depuis de nombreuses années, ils ne sont pas nivelés et les cailloux passent souvent dans la faucheuse. Aïe, mauvais pour les couteaux, pensais-je… Mais, lorsque l’on coupe une herbe totalement sèche et que les couteaux frappent les cailloux, on provoque un phénomène bien connu dans beaucoup de sociétés n’utilisant pas de briquet. On provoque une étincelle qui provoque immédiatement du feu au contact du foin. Mais, Dieu merci, mes gars ont été très réactifs et ont tout de suite éteint le début d’incendie. Sinon, pour récupérer quelques centaines de kilo d’herbe, ont en aurait fait brûler beaucoup de tonnes… Et cette année, l’herbe est particulièrement dense, donc les feux sont aussi particulièrement dangereux.

 

Puis, il a fallu ramasser l’herbe fauchée, et cela m’a fait penser au ramassage des foins en France, comme cela pouvait se faire avant l’apparition des presses à ballots. On fait des petits tas, sur le bord du chemin, que l’on ramasse ensuite avec la voiture et qu’on ramène ensuite à la ferme. On a même mis un filet sur le dessus, pour éviter que toute la paille ne s’envole entre le ramassage et le stockage (on a tout de même parcouru près de 7km avec le chargement).

DSCN9235 Ramassage des foins

DSCN9237 La voiture chargée

 

 

Je voulais aussi que vous ayez un aperçu de la largeur de la ferme. Cette photo a été prise sur la route, à l’extrémité de la ferme. Au loin, là où la route rejoint le ciel, si vous regardez bien, vous voyez un panneau blanc sur la gauche. C’est le panneau d’entrée de la mission… Vous devez encore faire 500 mètres pour passer à la ferme suivante !

DSCN9198

 

Samedi dernier, en allant faire mon tour sur la ferme, j’ai voulu améliorer l’ordinaire et faire un repas de fête pour le dimanche. J’ai donc pris le vieux fusil de la ferme, pour ramener des pintades. Elles sont très nombreuses sur la ferme, et les jeunes sont maintenant adultes. La semaine d’avant, j’en ai vu une centaine près du Pan. Ces oiseaux paraissent gros quand ils courent, mais une fois plumés, c’est beaucoup plus petit. Moins de deux kilos, pour deux pintades… Tout le monde a apprécié ma pintade rôtie. Je crois que c’est la première fois que je cuisinais autre chose que des gâteaux à Waldfrieden.

DSCN9181 Pintades casquées   DSCN9183 Pintades casquées  DSCN9185 Pintades casquées

 

Une dédicace spéciale à ma promo de l’ENSAR, ma génisse préférée, le numéro 157…

DSCN9159

 

Voila pour les dernières news de la ferme

26 juin 2011

Principal's Farewell Party

Vendredi dernier a été l’occasion d’une grande fête pour Waldfrieden. Après quatorze années comme principale de l’école, Ms Gertze a pris sa retraite.

Pour l’occasion, il y a eu des chants et des danses par les enfants de l’école, avant un banquet donné en son honneur.

 

L’inspectrice d’académie est venue célébrer l’événement avec la communauté de Waldfrieden. Les différents groupes culturels de l’école ont performé, c’était assez amusant. Cela a aussi été l’occasion de tout nettoyer, les abords de la mission, l’entrée et toute l’école.

 

Ci-dessous, quelques photos de la journée :

 

DSCN8991Les enfants sont prêts pour commencer les chants d’accueil des invités, qui arriveront avec plus d’une heure de retard…

 

DSCN8998Le groupe traditionnel kavango

 

DSCN9005Miss Puriza a encore mis une tenue herero très colorée. A chaque fête, elle en porte une différente… Elle m’a fait part du fait qu’elle en avait 20 ou 30 différentes !

 

DSCN9012Les adultes se sont aussi mis sur leur 31, ici tenue damara

 

DSCN9020DSCN9014DSCN9018DSCN9016Des enfants du groupe traditionnel damara, les tenues font un peu penser aux tenues traditionnelles paysannes, comme on aurait pu en voir au temps de Maupassant. 

 

DSCN9019Tenue de la chorale des enfants de Waldfrieden

 

DSCN9033Procession d’arrivée de la « reine » de la fête. Elle est escortée en musique par le groupe traditionnel damara, ainsi que par les profs qui suivent.

 

DSCN9037La voila donc arrivée, celle pour qui la fête est donnée !

 

DSCN9074Photo souvenir

 

DSCN9086Herero et damara…

 

DSCN9093Sans commentaires…

 

DSCN9097La reine est partie, vive le roi ! Mr Kairi, le nouveau principal.

 

Some videos of the day:


Waldfrieden School Choir

 


Kavango Dance

 

Mais, attention, c’est toujours à la fin des règnes que les histoires sordides font leurs apparitions… Comme on dit ici « The truth always comes out », et des rumeurs persistantes trainent depuis quelques semaines. Donc pour conclure, wait and see !

 

Et aujourd'ui, dimanche, était la fête du St Sacrement, avec une mini procession entre l’église et l’internat…

 DSCN9108 Fête du St Sacrement  DSCN9112 Fête du St Sacrement   DSCN9114 Procession du St Sacrement

 

See you dears !

 

 

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Les tribulations d'un normand en Namibie
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